Pourquoi pas des « états généraux bretons de l'énergie » à Brest ?

Communiqué de presse publié le 25/10/09 1:01 dans Politique par Gérard Olliéric pour Gérard Olliéric
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Intervention à la Communauté d'agglomération de Brest Métropole Océane.

C'est un sujet d'actualité. Il en est question presque quotidiennement dans les journaux ; le conseil général s'en préoccupe fortement ; le conseil régional aussi ; mais il n'a pas vraiment été à l'ordre du jour dans cette enceinte : je veux parler du problème de l'énergie en Bretagne.

Un espoir pour notre ville : Brest pôle de la mer et des énergies marines, c'est possible… Les deux jours d'entretiens « science et éthique » qui avaient pour thème « le changement climatique et les énergies de la mer » ont confirmé la volonté de l'état d'encourager le développement des énergies renouvelables. Dans la foulée du Grenelle de l'environnement, et particulièrement celui de la mer, la création d'une plate forme technique d'essais sur les énergies marines est à l'ordre du jour… Décision de sa localisation avant fin décembre ; la mobilisation à Brest est donc de mise (en tout cas, elle est réelle du côté d'Ifremer, du pôle Brest Iroise).

Brest, pôle de la mer a tous les atouts : le port, l'outil DCNS qui pourrait trouver une nouvelle voie de développement dans le domaine des énergies renouvelables. Et nous avons un important potentiel de matière grise dans la recherche, les grandes écoles, les facultés, les organismes concernant la mer ; mais nous connaissons tous des jeunes ayant fait des études liées à la mer et malheureusement contraints de s'expatrier pour trouver des emplois en rapport avec leurs qualifications. Dans les énergies marines, il y a un gisement de milliers d'emplois... Ex : Pour le moment, les éoliennes que l'on installe sont fabriquées en Allemagne et au Danemark; pourquoi pas à Brest ?

Du retard a été pris par rapport à d'autres pays. (Ainsi l'Allemagne, l'année prochaine, produira 6000 mégawatts à partir d'éoliennes en mer, en France : 0 mégawatt)… Mais il y a ici un véritable bouillonnement d'idées : l'éolien offshore, des hydroliennes, des systèmes fonctionnant avec les courants, la houle… De nouvelles technologies vont naître.

Et pourquoi ne pas remettre à l'ordre du jour celles où nous étions précurseurs ? Je pense à l'usine marémotrice de la Rance qui fournit de quoi alimenter la ville de Rennes : il y a évidemment d'autres lieux possibles pour implanter une telle usine. Celle de la Rance était en quelque sorte un prototype qui a prouvé son efficacité. A ce propos, comment ne pas rappeler que des plans ont été faits il y a 30 ans pour une installation marémotrice avec plusieurs centaines de turbines entre Cancale et Granville ? Il serait possible d'installer sur la digue des éoliennes offshore pour obtenir des capacités énormes de production. De l'avis de spécialistes, ce projet (toujours sur étagère) n'est en rien utopique ; et il aurait été très rentable ; de plus il aurait évité les coûteux travaux qui ne serviront qu'à désensabler le mont Saint Michel…

Toutes les occasions sont à saisir, car trouver localement des moyens de production d'électricité (sans émission de CO2 pour respecter le plan Climat) devient un impératif étant donné notre dépendance énergétique. Rappelons que la Bretagne est alimentée essentiellement (à plus de 90 %) par la centrale thermique de Cordemais (dont la tranche charbon fonctionne en hiver) et par la centrale nucléaire de Flamanville...

Les éoliennes se multiplient, mais elles sont insuffisantes et très contestées dans le voisinage, tout comme les centrales nucléaires dont nous profitons mais que nous préférons voir fonctionner loin de chez nous. Ceci est d'ailleurs un problème, car plus on est loin de la source, plus les pertes sont importantes. Ce qui est le cas pour le Finistère, les Cotes d'Armor et le Morbihan. L'éloignement moyen entre le consommateur français et une centrale : 80 KM ; pour le consommateur breton de ces 3 départements, c'est presque 300 KM… La perte est de 30% sur les lignes entre le site de production et Brest.

Dans votre programme électoral municipal vous aviez promis un véritable « plan énergie »… Dans ce cadre, un effort est fait pour de nouvelles constructions moins gourmandes en électricité. (Dernier exemple en date, le bâtiment de la DPAS, rue Sébastopol)… Mais, même en tenant compte des économies d'énergie envisagées à Brest dans l'habitat, « grâce à la rénovation du parc ancien, et par la sensibilisation des consommateurs », ceci est nettement insuffisant pour espérer résoudre le problème …

Toujours dans votre programme, on pouvait lire : «la collectivité devra aussi développer les productions d'énergies renouvelables dont fait partie, à l'évidence, l'énergie de la mer ». Une occasion se présentant aujourd'hui, il faut évidemment la saisir. Brest doit devenir le pôle des énergies marines, et même plus largement un centre d'étude et de coordination des énergies renouvelables …

Brest est en bout de ligne à la pointe de la zone de l'hexagone où la demande en électricité progresse le plus (2,5 % d'augmentation par an); nous avons donc plus qu'ailleurs le devoir de travailler au développement de toutes les énergies alternatives (d'autant plus que grâce à celles-ci, des emplois peuvent être créés) … Mais, de l'avis des spécialistes, il ne peut y avoir un développement très important et rapide de ces énergies ; à Brest, le tram restera donc longtemps essentiellement nucléaire.

Nous ne pouvons admettre l'idée de « décroissance »… Nous souhaitons bien sûr un développement dit « durable »… Nous voulons donc des voitures, des vélos électriques, le tram, le TGV (lui aussi tributaire de l'électricité nucléaire) … Mais il y a partout un véritable problème d'acceptation des projets de production d'électricité quels qu'ils soient (et même des lignes à haute tension ).

Il s'agit là d'un véritable débat de société. Il vaut mieux regarder la réalité en face et réfléchir ensemble. Si nous, Bretons, voulons être acteurs de notre propre avenir, ce débat sur l'énergie devra être à l'ordre du jour des prochaines élections régionales.

Mais auparavant, pourquoi, dans la logique du plan promis aux municipales, Brest Métropole Océane n'organiserait-elle pas des « Etats généraux bretons de l'énergie » qui rassembleraient des élus de toutes tendances, des spécialistes, des experts, des représentants d'associations, tous ceux qui ont travaillé sur ce thème ; des états généraux qui, sans tabou et en toute transparence lanceraient un débat citoyen et exploreraient les solutions possibles pour la Bretagne, avec leurs avantages et leurs inconvénients, et ceci, sans exclusive?

Geneviève Henry, conseillère municipale et communautaire


Vos commentaires :
Marcel Texier
Vendredi 15 novembre 2024
Il y a d'excellentes choses dans l'exposé de Geneviève Henry, mais également d'insignes faiblesses. Je n'en relèverai qu'une, celle qui consiste à prôner la construction d'éoliennes à Brest. Cela aurait été possible si la Bretagne avait été indépendante il y a quarante ans et s'était alors lancée, comme le Danemark, dans l'éolien. Mais, la Bretagne n'était pas indépendante il y a quarante ans. Elle était, et elle est toujours, à la remorque de la France. Résultat, elle est, tout comme le pays qui fait la loi chez elle, tributaire du nucléaire. Tout se passe comme si on avait organisé la dépendance énergétique de la Bretagne alors que -et Geneviève Henry le montre fort bien - les potentialités d'indépendance énergétiques existaient. Ceci rend totalement incompréhensible, en dehors d'un «pétage de plomb» également incompréhensible, son soutien pour les élections régionales, à une candidate «proche des instances décisionnelles gouvernementales» (ce sont ses mots !) et qui, ancienne préfète, ne peut qu'enfoncer encore plus la Bretagne dans la dépendance. Pour en revenir à la «faiblesse» signalée plus haut, «construire des éoliennes» à Brest, là nous sommes dans le domaine du rêve. En effet, pour édifier son industrie éolienne (production d'éoliennes et production d'électricité éolienne), le Danemark, par exemple, a investi dans l'éolien, à partir de 1976, la moitié des dépenses publiques consacrées à la recherche et au développement de l'énergie et «mobilisé» une bonne partie de ses meilleurs ingénieurs (la technologie éolienne est aussi sophistiquée que l'industrie aéronautique, exigeant la solution de très délicats problèmes de structures, de résistance des matériaux, de mécanique des fluides). A la même époque, en France, on entendait: «nucléaire, nucléaire, nucléaire !» Maintenant, le Danemark exporte effectivement des éoliennes en Californie (où on peut voir d'immenses champs d'éoliennes) au Canada, en Inde, en Chine. A la même époque encore, il y avait au centre recherche danois de Risoe (prononcer «risseu») quarante-cinq personnes travaillant au développement de l'éolien, tandis que le Centre National Français de Recherches sur l'Energie Eolienne à Lannion occupait...trois personnes ! Demander que la Bretagne, handicapée par un centralisme paralysant, se lance dans la course maintenant, après un tel retard, montre que Geneviève Henry, sur ce point, ne connaît pas bien son sujet. Quel dommage, alors qu'elle semble avoir des compétences par ailleurs ! Quel dommage aussi, étant donné ses qualités, qu'elle s'engage dans une voie politique qui, hélas, a démontré sa nocivité.

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