Érik Orsenna : La région Pays-de-la-Loire ? Sympathique, mais sans grand sens.

Interview publié le 16/10/09 7:37 dans Cultures par Ronan Le Flécher pour ABP
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Érik Orsenna n'a pas sa langue dans sa poche. Il l'a encore prouvé ces derniers jours lors d'une réunion à Nantes lorsqu'il a fustigé les Pays de la Loire devant des organisateurs ébahis. De passage en juin à La Baule lors du WIC 2009, l'écrivain avait dessiné les contours de cette nouvelle Bretagne qu'il appelle de ses voeux, avec quelques nuances toutefois. Dans cet entretien exclusif ABP-TV, il démontre que l'on peut à la fois être membre de l'Académie française et défenseur de l'apprentissage des langues régionales.

Ronan Le Flécher - Érik Orsenna, votre QG est dans le Trégor. Nous sommes aujourd'hui à la Baule, en Presqu'île guérandaise. Vous sentez-vous en Bretagne ?

Érik Orsenna – Pas tellement à vrai dire. Je suis plutôt infra-régionaliste. Pour moi, le cœur de la Bretagne, c'est les Côtes d'Armor et le Finistère. Mais plus sérieusement, je pense que les régions doivent être un peu redéfinies. La région Pays de la Loire, c'est sympathique, mais ça n'a pas grand sens. Je pense que deux Normandie, c'est inutile et très coûteux. Ce n'est pas vingt-deux régions qu'il fallait, mais huit.

D'accord !

Il faut rassembler les forces, faire quelques économies et savoir qui fait quoi. Sinon, c'est la possibilité de toutes les incompétences et de tous les éloignements par rapport à la chose publique. Et je suis très attaché à la responsabilité publique. C'est pour ça que dans la commission Attali, nous avons proposé qu'on supprime par étape les départements.

Faisons un rêve : les frontières départementales disparaissent. Quels seraient les contours de cette nouvelle Bretagne, selon vous ?

Regardez, on est en train de voter pour les élections européennes. Il y a une circonscription qui est arrivée là, on ne sait pas comment ni pourquoi, et qui s'appelle le Grand Ouest. C'est vrai que le Grand Ouest, on pourrait le faire. Mais, ce qui me plaît avec la Région Bretagne telle qu'elle est. Alors, on pourrait ajouter Nantes, mais il y aurait des bagarres avec les élus. Enfin, Nantes est clairement dans la Bretagne. Et si Nantes est dans la Bretagne, ici on est aussi dans la Bretagne. On peut dire ce qui est au nord de la Loire, c'est la Bretagne. Ce qui me plaît dans la Bretagne, c'est qu'il y a une vraie cohérence géographique. On aime la Bretagne, mais on sait bien que la vie se joue ailleurs. Partout où vous allez dans le monde, même après de très longs voyages, après cinq jours de pirogue, vous trouvez une bouteille de Coca Cola et un Breton. Je préfère le Breton au Coca Cola.

Vous allez sûrement nous saluer d'un Kenavo. Il y a quelques années, vous aviez écrit dans Le Télégramme sur le Kenavo, un article qui avait fait parler.

À chaque fois, je saluais en breton. Il y avait ceux qui trouvaient ça très bien. Et il y avait de grandes bagarres avec ceux qui disaient : « Ah, ce n'est pas le breton qu'il faut. » Contrairement à d'autres, je pense que l'apprentissage des langues régionales, c'est très bien. L'expérience montre que les élèves qui parlent breton sont meilleurs en français et apprennent facilement les autres langues. Si on s'ouvre l'esprit, on est encore plus ouvert. Quand on se cantonne à un petit pré carré, d'abord on sent le rance. Il faut faire comme la Bretagne, être fier de son lieu. Moi, je l'ai choisi ; je ne suis pas né là. Mais, c'est ma vie. Si je n'avais pas connu la Bretagne et ce coin-là des Côtes d'Armor, je ne serais pas écrivain. Je lui dois une dette infinie. C'est pour ça que tout ce que je peux faire pour la Bretagne, je le fais.

De quoi parle votre prochain livre ?

De l'eau. Je compare d'ailleurs la Bretagne à la Chine. Quand j'étais tout petit, j'ai vu la Bretagne dans la pauvreté, vraiment, voire dans la misère. La Bretagne s'est développée très vite au prix de l'environnement, comme en Chine. Le prochain livre est sur Christophe Colomb et son frère, au moment de la période portuguaise où ils préparent le voyage. Après, on verra. Est-ce que ce sera l'agriculture, le sol, le commerce ? En tout cas, il y aura des voyages, ça c'est sûr.

Propos recueillis par Ronan Le Flécher – envoyé spécial ABP à La Baule


Vos commentaires :
Samedi 4 mai 2024
Ah ! Monsieur orsenna vous etes comme junon et vous montrez selon que cela vous arrange une face ou l'autre,selon l'endroit ou vous etes. A genoux devant vos maitres parisiens pour signer la mort de la langue bretonne dans le temple du colonialisme linguistique qu'est l'accademie francaise. Nous ne vous avons guere entendu defendre bec et ongles cette langue ancestrale que vous trouvez belle (seulement en finistere) Vous rendez l'hommage lige a vos maitres JACOBINS ,genoux a terre et l'echine courbée,et vous venez chez nous parlez de liberte ,redressez vous d'abord si vous voulez parler a des hommes libres Et en bon serviteur de l'etat jacobin vous venez nous dire quelles doivent etre les limites de notre territoire, attitude hautement coloniale .Sous la loire les habitants ne seraient pas bretons, mais quoi alors? mais qui ,comment les nommer,? Vous tranchez dans le vif de notre territoire,comme vos maitres ont tranches dans la chair de l'afrique avec le resultat desastreux que nous connaissons,vous avez un peu de ce sang sur les mains

Je suis ne dans le sud de la bretagne sous la loire dans cette terrae incognita appelé pays de RETZ et breton depuis l'an 852 il me semble. Alors donc sous les fleuves on perd sa nationalité,ce qui veut dire que sous la garonne les habitants ne sont plus francais mais OCCITANTS,pour le coup je suis d'accord puisque vous avez une dette infinie envers la bretagne defendez la mais dans sa dimension historique,et surtout lorsque vous retrouverez vos maitres parisiens dites leurs qu'une langue se meurt en bretagne et qu'il faut a tout prix donner aux bretons le droit d'enseigner leur langue. La trace que laissera dans l'histoire la france sera celle d'une nation qui aura ENSEIGNEE LES LANGUES MORTES ET DETRUIT LES LANGUES VIVANTES . Peut etre que l'accademie francaise est un immense tombeau Cinq cent ans que la bretagne couche avec la mort,et elle est encore debout et c'est debout monsieur que j'ai le plaisir de ne pas vous saluer

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