Lettre ouverte aux associations bretonnes de Loire-Atlantique

Lettre ouverte publié le 29/09/09 4:23 dans La réunification par Gwenael Kaodan pour Alliance Fédéraliste Bretonne - Emglev Kevredel Breizh
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Solliciter ou non les subventions auprès des dirigeants des P-d-L ?

Depuis quelque temps on s'interroge ici et là sur l'opportunité, pour les associations culturelles bretonnes, de solliciter des subventions auprès de la pseudo région P-d-L. Le raisonnement premier consiste à dire : nous payons des impôts pour cette structure, il est donc juste d'en recevoir des fonds en retour. Et si cette façon de faire n'avait pour résultat que d'aller à l'encontre de l'un de leurs moteurs essentiels d'existence, à savoir la lutte pour le retour de ce département dans l'ensemble breton ? La question mérite d'être posée.

Que voit-on en effet se profiler dans le droit fil de cette politique ? La réponse est limpide. En vertu du principe que c'est le payeur qui décide, on en arrive petit à petit à accepter de mettre par ci par là le logo des P-d-L, à légitimer aux côtés des couleurs bretonnes un étendard hybride et à instaurer des usages. Autrement dit, non seulement on pérennise un état de fait mais encore plus grave, on le cautionne. C'est bien ce que l'on observe, entre autres choses, au Festival du livre de Guérande. Autre indice d'aveuglement: l'acceptation et l'officialisation d'une place de strapontin auprès des Affaires culturelles des P-d-L, alors que l'on se targue de regrouper en Loire-Atlantique le plus grand nombre d'associations bretonnes de la péninsule. Quitte à jouer ce jeu c'est la majorité des sièges ou rien qu'il fallait exiger.

Il en découle que les structures et le personnel politique, acharnés depuis des décennies à nier notre histoire, à affaiblir le potentiel économique et humain breton, bref notre capacité à prendre en mains notre destin, se retrouvent alors en position de mécènes proclamant leur largeur d'esprit et leur grande magnanimité. Ainsi notre identité se retrouve-t-elle affaiblie sur son propre territoire puisqu'elle nous est alors présentée, par les structures officielles, comme l'une des composantes, parmi d'autres, de cette soi-disant région des pays de la Loire. Cette imposture sera d'autant plus valorisée qu'elle nous sera présentée aussi bien à usage interne qu'à l'international comme un modèle d'ouverture d'esprit, que dis-je une enviable exception. Habile moyen d'accroître sa légitimité donc sa pérennité. Et c'est bien là le danger.

On en veut pour preuve évidente les déclarations lénifiantes du baron Auxiette (PS) parues dans un article de Ouest France du 12-13 septembre 2009, en page P-d-L bien sûr. Nous citons: "La région est sans failles vis-à-vis de la Culture Bretonne. On a honoré toutes les demandes des associations culturelles et linguistiques. Je respecte le sentiment d'appartenance... mais il ne doit pas enfermer." Autrement dit non seulement le baron des P-d-L se donne le beau rôle mais en plus, mine de rien, il gratifie d'une note péjorative (le risque d'enfermement !) les acteurs de cette Culture Bretonne. Quant aux personnes des quatre autres départements bretons qui pourraient se sentir indignées, il n'y a pas de risque de les voir regimber puisque cette interview n'est passée qu'en page P-d-L.

Alors nous disons qu'il n'est que temps de sortir de l'ambiguïté. Il faut rompre avec cette collaboration douteuse parce qu'il y a là un problème de fond. Faut-il se prêter à la promotion d'une pseudo-région que nous combattons et qui s'apprête à faire un procès à de jeunes militants qui ont osé s'insurger contre elle ? Mendier les subventions d'une structure politique issue en droite ligne du régime pétainiste est indigne et ne peut que conduire à la soumission.

D'autres voies de financement existent. Ainsi solliciter les subventions du département de Loire Atlantique est parfaitement légitime. Pourquoi ne pas aussi se tourner vers le Conseil régional B4 à Rennes. Plus généralement il faut sortir de la routine et imaginer d'autres moyens. Solliciter la diaspora et le monde industriel et marchand, par exemple. Autre piste : créer une Fondation Nationale Bretonne sur le modèle du Scottish National Trust. Il y là autant de voies nouvelles qui conduiront à accentuer la pression pour inciter le reste de la Bretagne à récupérer la portion de son territoire qui, faut-il le rappeler, représente 40 % de ses potentiels économique, culturel et humain. C'est donc un appel que nous lançons vers les dirigeants des associations concernées pour qu'ils se ressaisissent et renouent avec la glorieuse devise de notre pays: "Potium mori quam foedari ","Kentoc'h mervel eget bezañ saotret".

Le comité directeur de l'AFB-EKB


Vos commentaires :
Samedi 4 mai 2024
Discussion très intéressante. Et points de vues recevables des deux cotés qui ne sont pas, à mon avis, aussi opposés qu'ils en ont l'air. L'idée d'une Fondation Nationale Bretonne se donnant les objectifs exposés par M. Kaodan n'est en effet pas incompatible avec le fait d'aller récupérer des subventions auprès de ce que j'appelle le machin. Car effectivement, et je rejoins en cela le point de vue de M. Guillaume, ces subventions proviennent des taxes et autres impôts collectés auprès des populations de la Loire-Atlantique.

Par contre l'existence d'une telle fondation permettrait aux associations du 44 d'être moins vulnérables par rapports aux exigences de la région des PdL. Pourquoi ne pas vouloir se donner ce moyen d'existence supplémentaire ?

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