N° spécial d'Historia : “Bretagne, terre de solidarités”

Sommaire publié le 30/08/09 15:59 dans Histoire de Bretagne par Eric Pianezza Le Page pour Eric Pianezza Le Page

L’Étang-la-Ville, le 30 août 2009

Bravo pour le numéro hors-série d'Historia sur la Bretagne «Bretagne, terre de solidarités»

«Bretagne, terre de solidarités», tel est le titre d'un numéro hors-série d'Historia disponible dans les kiosques depuis cette fin août et publié avec la collaboration du journal Ouest France.

Par sa référence au territoire historique de la Bretagne, ce numéro respecte notre histoire, événement des plus réconfortants puisqu'il est endossé par un quotidien qui se situe plus volontiers à l'Ouest qu'en Bretagne, dont il avalise habituellement la mutilation au profit d'un découpage politico-administratif absurde. Il apparaît ainsi toute l'honnêteté intellectuelle de cette revue, qui ne pratique pas le révisionnisme de maints ouvrages dits historiques. C'est bien à la Bretagne historique que se réfère Historia dès les premières pages, dans des cartes illustrant la continuité de son peuplement, de l'Armorique à la Bretagne royale et ducale, et la stabilité, des plus rares en Europe, de son territoire dont les pays/broioù historiques sont symbolisés par les neuf bandes de notre drapeau Gwenn ha du.

Cette publication prend judicieusement comme fil conducteur le sens de la solidarité des habitants de notre péninsule, qu'il s'exerce en interne dans la résistance à la conquête de Jules César, ou en externe par la sollicitude déployée aujourd'hui en faveur de populations démunies dans diverses régions du monde. Les auteurs en sont Anne Bernet, historienne qui a signé une vingtaine d'ouvrages dont «Les Grandes heures de la chouannerie» (Perrin, 1993), et Rémi Kauffer, professeur à l'Institut d’Études Politiques de Paris, spécialiste de l'histoire contemporaine. Ce n'est pas un résumé de toute l'histoire de Bretagne que l'on trouve dans ce livre, mais une focalisation sur des périodes particulières qui marquèrent un tournant dans le destin du peuple breton, qui fut hier, «un peuple souverain», selon la formule des auteurs.

Ceux-ci soulignent bien le tournant majeur de l'histoire de Bretagne que fut la Nuit du 4 Août 1789, qui sonna le glas des liberté bretonnes. A propos des députés bretons Le Floc'h, Gérard, et plus particulièrement Le Chapelier, les choses sont remises à leur place : «le 9 juillet, outrepassant leurs mandats, les États Généraux s'autoproclament Assemblée nationale constituante. Le 3 août, le député rennais Isaac Le Chapelier accède à la présidence. C'est lui qui, dans l'exaltation de la nuit du 4 août, sacrifie sur l'autel de la patrie et de la révolution les privilèges du duché de Bretagne... Le lendemain matin, reprenant leurs esprits, Le Chapelier et les autres députés bretons mesurent l'invraisemblance de leur acte, et sa totale illégalité. En effet, les privilèges bretons ne sont en rien comparables aux avantages individuels - droits de chasse, dîmes, corvées, etc. - que noblesse et clergé viennent d'abandonner, mais représentent les dispositions propres réglant depuis 1532 les relations entre la France et la Bretagne, et les droits des Bretons. Autrement dit, il s'agit d'un traité de droit international qui ne peut être abrogé ainsi... Les députés du duché, dépassés par leur responsabilité, refusent de signer le procès-verbal de la séance et précisent que seuls les États et le Parlement de Bretagne sont compétents pour abolir les libertés bretonnes. Sachant que parlementaires et délégués aux États se feraient tuer plutôt qu'accepter ces mesures, Le Chapelier et ses collègues croient leur imprudence sans conséquence. Ils ne savent pas que les États du duché ne se réuniront plus jamais, et que le Parlement de Bretagne, mis en vacance le 3 novembre 1789, n'aura jamais à connaître de l'affaire... Ce que la monarchie française n'a jamais tenté contre les libertés de Bretagne, le 4 août vient de le réussir». On ne peut être plus clair !

Les autres périodes évoquées par Historia sont la guerre de 14-18, pour laquelle est soulignée l'importance du rôle des Bretons, du fait de leurs sacrifices héroïques, et celle de 39-45, qui vit la Bretagne s'illustrer par une résistance exemplaire à l'occupation allemande dès 1940. La période de l'après-guerre est enfin fort bien décrite avec ce sursaut économique sans équivalent nulle part ailleurs, suscité en particulier par le CELIB, qui fit brûler les étapes de la modernisation de la Bretagne. Elle se termine par des articles qui intéresseront les amateurs de notre histoire industrielle, consacrés notamment aux grandes heures des chantiers navals de Saint-Nazaire, à l'implantation de l'industrie automobile à Rennes, aux entreprises d'électronique implantées à Lannion…

Un ouvrage exemplaire à mettre entre toutes les mains !

Pour Bretons du monde-OBE, la Cellule de communication


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