Plus le temps passe, plus se pose la question de la survie de la langue bretonne. En effet, le nombre de ceux qui ont appris la langue du pays sur les genoux de leurs parents ou de leurs grands-parents diminue chaque jour. Il est en partie compensé par le trop petit nombre d'enfants qui ont aujourd'hui accés à une école bilingue. Malheureusement, les barrières ne manquent pas qui visent à ralentir la mise en place d'un tel enseignement.
Il ne fait aucun doute qu'à l'avenir, nos enfants se devront d'être polyglottes. En Europe, l'anglais est déjà la langue des échanges internationaux, aussi bien d'ailleurs dans le domaine économique, politique que sportif ou culturel. Il est prouvé depuis longtemps que le bilinguisme favorise l'apprentissage d'autres langues or, nous avons la chance en Bretagne d'avoir pu conserver, contre vents et marées, il est vrai, une population relativement conséquente de bretonnants de naissance. C'est un avantage pour nos enfants qui peuvent ainsi encore apprendre la langue bretonne de manière naturelle. Il faut voir d'ailleurs combien de grands-parents, de plus en plus nombreux, se réjouissent d'entendre leurs petits enfants parler breton et de pouvoir converser avec eux. Alors, savoir le breton et le français constitue un atout pour faire face ensuite à l'apprentissage de l'anglais ou/puis de l'espagnol, autre langue de plus en plus dominante. Les jeunes générations en ont la capacité. Les bretonnants en ont fait la preuve depuis près de deux siècles. Ainsi, selon les circonstances, les lieux, les personnes à qui l'on s'adresse, il sera possible à chaque jeune de s'adapter aux conditions futures sans pour autant renier ses racines. Le breton n'est-il pas le plus bel héritage culturel que nous aient légué nos ancêtres ? On s'offusque de voir de vieilles pierres s'écrouler, à juste titre sans doute, mais alors, une langue ne représente-t-elle pas un patrimoine tout aussi riche ? Des voix s'élèvent déjà parmi les jeunes qui reprochent à leurs parents de ne pas leur avoir appris le breton.
Ces reflexions qui nous préoccupent sont tristement d'actualité lorsque l'on apprend que le conseil municipal de Ploézal a refusé l'ouverture d'une classe bilingue, français-breton à l'école primaire, alors que le quota d'élèves était réuni, alors que l'inspection académique avait ouvert le poste pour un enseignant bilingue, alors que le maire, lui-même, y était favorable ? On n'en est plus au stade de l'expérience. Pour ceux qui l'ignorent, voilà plus de trente ans qu'ouvraient les premières écoles Diwan, non sans mal d'ailleurs. Mais aujourd'hui, les résultats obtenus en milieu scolaire par ceux qui suivent les différentes filières bilingues sont aussi bons sinon supérieurs à ceux qui sont dans la filière monolingue.
Alors, ferons-nous partie de la génération de ceux que l'on accusera plus tard d'avoir été les fossoyeurs du brezhoneg ? On ne peut s'empêcher de placer ce problème au même niveau que celui qui concerne la pollution de la planète. Quelle sorte d'héritage culturel et écologique allons-nous laisser à nos enfants ?
UDB Trégor-Goelo
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