Michel LE MOUËL, Ancien membre de la Chambre d'Agriculture
A Yves LE GOURRIEREC, Président de la Chambre d'Agriculture.
Tu dois connaître aujourd'hui les raisons de la colère des éleveurs. L'accumulation des mépris dont ils sont l'objet, des obligations qui leur incombent en matière d'environnement, de contrôles, de chartes, les ont amenés à une sorte de soulèvement, venu de la base.
Il faut aux dirigeants, en temps de crise, beaucoup de sang froid, d'autorité, de savoir faire et de propositions cohérentes pour canaliser et faire aboutir les revendications justifiées en matière de respect et de revenu.
Les moyens ne te manquaient pas pour appréhender dès le mois d'avril les possibilités de révolte et tu aurais dû, en tant qu'élu de tous, réunir une cellule de crise, analyser la situation et agir pour que tous ensemble nous recherchions les mesures appropriées pour juguler cette baisse de prix non supportable et infamante.
L'exemple est flagrant qu'un accord interprofessionnel de ce niveau n'a fait que renforcer le sentiment d'abandon pour les producteurs et ils ont raison de craindre une certaine trahison en égard au manque de perspectives pour l'avenir. Rien de cohérent pour demain c'est pire que de vivre l'instant présent.
Au lieu de construire un avenir durable, au risque de remettre en cause certaines citadelles de 1'interprofession, toi ou (et) ton état major ont désigné un bouc émissaire de proximité: la grande distribution et un ennemi venu de loin : la Nouvelle Zélande et son agressivité sur le marché mondial.
S'en sont suivies les émeutes que tu connais avec des débordements logiques mais assez dérisoires dans le résultat obtenu.
Par contre ce que les meneurs ont réussi c'est de se couper de l'appui de l'opinion publique et de renforcer notre responsabilité en matière d'atteinte à l'environnement. En pleine région légumière (épinards, haricots, pois, pommes de terre) il te faut prendre la décision de rechercher les retombées d'éléments toxiques éventuels et cela avant la récolte.
Je dois ajouter que si des élus de la chambre ont participé et organisé ces exactions ton devoir est de sortir le carton rouge et de leur demander de se démettre de leur mandat. Tu peux aussi étendre cette proposition aux chambres régionales du Grand-Ouest.
Pour autant la colère des éleveurs n'est pas retombée et ils attendent des actions qui leur permettront de reprendre en main leur avenir. Si le cœur t'en dit!
Salutations professionnelles,
Michel LEMOUEL.
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