Lors de ses voeux a la presse en janvier dernier, le président du conseil régional de la région Bretagne, Jean-Yves Le Drian avait annoncé que la région se proposait «d'accompagner» les initiatives de la Saint-Yves. Voir notre vidéo: (voir le site)
Lors d'un tchatt, le mardi 19 mai, ouvert au public et dont nous transmettons le contenu, le vice-président du conseil régional, Christian Guyonvarc'h, répondant à des questions sur la Saint-Yves avait dévoilé que la région avait dépensé «un peu plus» de 300 000 euros pour le site web (voir le site) et son animation.
Les propos de Monsieur Guyonvarc'h sont contredits par Madame Anne Miriel-Raffray, directrice de la communication du Conseil Régional. Elle a tenu à nous préciser que le site web serait seulement une des composantes d'un vaste programme de communication d'un montant de 211 000 euros. Elle nous a donné un coût total de 616 000 euros déjà dépensés sur un budget autorisé de 650 000 euros pour la Saint-Yves. Madame Anne Miriel-Raffray n'a fait aucune déclaration sur l'usage des 400 000 euros de différence. Par comparaison, la grandiose Saint-Patrick de New-York n'aurait coûté que 300 000 dollars.
Si un site web peut être créé en quelques minutes avec les open sources comme spipe, dot clear ou wordpress, un site sur mesure dépasse rarement quelques milliers d'euros surtout si composé de mashups comme le site en question. Dans le cas du graphisme, la région a fait appel à une agence de communication parisienne située rue Poissonière : la magic garden agency. C'est elle qui a fait le graphisme pour le site et pour les affiches et toute l'iconographie de la campagne. Quant à l'hébergeur du site, il est à Nanterre.
Plusieurs associations culturelles n'ont pas manqué de faire remarquer le coût exorbitant de ces dépenses et l'appel à des entreprises même pas basées en Bretagne, les mêmes, semble t'il, qu'on avait sollicité pour la Breizh Touch. D'autres non pas pu ne pas remarquer que si les diplômés bretons doivent s'exiler à Paris, à Londres ou à New-York, voire à Shangai, la région à embauché un directeur du tourisme britannique, un directeur de la Breizhtouch et de la Saint-Yves savoyard, etc....On a l'impression qu'un des critères pour travailler au Conseil Régional de Bretagne ou pour le Conseil Régional serait surtout de ne pas être breton.
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MAJ du 27 mai 2009: Suite a notre demande d'information, la région a publié sur son site une fiche détaillée des dépenses de la Saint-Yves :
Budget Saint-Yves/Gouel Erwan 2009: mise au point du Conseil régional
Publié le 27 mai 2009
L'enveloppe prévisionnelle dédiée à la Saint-Yves/Gouel Erwan 2009 a été fixée à hauteur de 650 000 euros TTC. A l'issue de l'opération, le budget effectivement engagé s'élève à 616 962.46 euros TTC réparti comme suit:
1/ Marché public « Promotion de la Saint-Yves 2009», ayant pour objets la conception et l'élaboration d'une recommandation stratégique de communication, attribué à l'agence Magic Garden Agency à l'issue d'un appel d'offre pour un montant de 211 105.19 euros TTC comprenant les prestations suivantes:
- création du visuel, cession de droits et réalisation d'une charte graphique
- conception et fabrication d'un spot radio et d'un billboard pour la télévision
- conception et production de la Journée Portes Ouvertes à la Maison de la Bretagne le 16 mai et relations publiques
- conseil média et hors média pour la diffusion des outils et supports de communication
- déclinaison du visuel et réalisation des fichiers d'exécution pour tous les outils et supports de communication
2/ Campagne média régionale (affichage, presse, radio, web et TV) pour un montant de 338 250.23 euros TTC
3/ Fabrication, impression et expédition des outils et supports de communication mis à disposition de l'ensemble des organisateurs de la Saint-Yves/Gouel Erwan pour un montant de 65 933.02 euros TTC
4/ Veille média pour un montant de 1 674.02 euros TTC
Ce budget est financé sur le budget «promotion» du Conseil régional, à budget constant par rapport à l'exercice 2008, sans inscription supplémentaire.
Le site internet www.saintyves-gouelerwan.com dédié à cet événement a été développé en interne par la Direction de la communication du Conseil régional.
La Direction de la communication du Conseil régional de Bretagne.
Philippe Argouarch
■Je croyais que la Bretagne était l'une des régions les plus développée en internet/réseau.
Le prestige de Paris.... quel utopie Faisons travailler les PME bretonnes quand les administrations font des appels d'offres, c'est la moindre des choses !
La traduction breton-français traduit parfaitement cette ambigüité. En français, cela s'appelle la Saint-Yves, ce qui évoque un journée (et pas une semaine) de fête nationale autour du saint patron de la Bretagne. Or l'événement promu par la région Bretagne s'étale sur une semaine, sans que l'on discerne bien la spécificité du jour de la Saint-Yves (le 19 mai) dans la programmation.
L'intitulé breton donne, lui, «Gouel Erwan», qui traduit bien le terme Fest'Yves que l'on donnait ces dernières années à cet événement. Car il s'agit d'une simple fête en définitive, auquel on aurait pu donner une dimension bien supérieure en l'érigeant en fête nationale de la Bretagne.
En clair, une fête populaire, plaisante, mais promue par une communication ambiguë au service d'un projet flou. La conscience nationale se construit sur des symboles forts, pas sur des événements commerciaux et touristiques.
Quand je parcours le site mentionné, la facture révèle d'emblée l'esprit profondément français du ton, de la façon dont cela est abordé. Les français ont toujours une VERITE IDEOLOGIQUE à diffuser, qui conforte leurs propres préjugés et leur vision du monde (c'est à dire anti-identitaire). Les peuples réels, communautaires, eux n'ont pas besoin de l'idéologie pour se trouver un être-ensemble (qui n'est pas le «vivre-ensemble»). Ils sont ensembles car il y a une connivence tacite entre eux, qui varie en fonction des individus, mais qui repose sur la filiation d'avec une terre, une histoire, un peuple. C'est une fête de FAMILLE par extension, pas une Fête de la Rose.
Après lecture donc, je ne puis que relever le fait qu'on ne parle pas de la Bretagne et des bretons, mais de la perception française, donc normative, que les français ont de la Bretagne et veulent donner aux bretons d'eux mêmes. Ainsi on évite pas l'obligatoire «ouvert sur le monde» (les Irlandais ont ils honte d'eux mêmes au point de justifier leur fierté nationale par des précautions sémantiques de ce genre ?) ou encore «métissée» (devenu là aussi le mot indispensable pour ne pas être banni de la doxa parisienne). Je passe sur la Bretagne comme étant le parangon du «courage» ou de la «ténacité», ce qui signifierait qu'on en trouverait moins ailleurs. On voit bien que l'idée d'un pays porteur de valeurs en soi est une idée profondément française («France patrie des Droits de l'Homme») contrairement au pays dans sa dimension européenne, c'est à dire culturelle. Par exemple quand les gallois veulent se retrouver, ce n'est pas «au nom de l'ouverture sur le monde», ni parce que le pays de galles est «métissé», non plus à cause de la «ténacité galloise», mais tout simplement PARCE QU'ON EST GALLOIS ! Cette simplicité identitaire est tout simplement impensable et interdite en France. D'ou ces contorsions typiquement jacobines et provincialistes.
Ce qu'on comprend donc, c'est que nous avons une Bretagne d'importation domptée par une raison franco-centrique. Or, la Bretagne c'est bien moins complexe et beaucoup plus mystérieux que ces sophismes passe-partout: la Bretagne c'est la mystique des origines.
Je suis assez heureux qu'ABP ait enquêté sur le coût et l'origine de cette opération de communication, car c'est de cela qu'il s'agit, et de voir à quel point Paris peut polluer une telle occasion. On voit bien que les bretons sont considérés comme d'éternels enfants à éduquer, dans le sens français, et qu'ils ne peuvent en aucun cas encadrer eux mêmes leurs propres fêtes.
Le bon sens eut été d'inviter quelques irlandais pour nous aiguiller en plus des bretons qui sont loin d'être incomptétents dans le domaine.
Bref, la politique et la mentalité française sont au rendez vous pour cette «Gouel Erwan» dont par ailleurs le design est proprement illisible. Pour avoir aperçu une affiche, ce n'est que parce que je connaissais auparavant l'objet de celle ci que j'ai deviné de quoi elle parlait...
Il est temps que les socialistes parisiens à la tête de la région cesse de naviguer en eaux troubles...
A titre de comparaison, un projeteur-calculateur réalise avec cette somme un travail d'une année en exécutant les calculs de structure (une centaine de pages en tout) et les plans béton armé (environ 200) de 6 immeubles différents de 32 logements sur 3 étages.
Cette analogie est probablement incongrue, car, c'est bien connu, «l'Art, surtout contemporain, n'a pas de prix» !
Et en plus, il n'y a pas de mentions légales et même pas un Favicon, la petite image qui devrait se trouver sur l'onglet du navigateur. Les sites web sont une excellente vache à lait pour de nombreuses agences de communication.
Et si nous proposions un concours pour la prochaine affiche, avec paiement de l'auteur primé s'étend ?
Dans les éléments rapportés de ce chat, au bout de quelques lignes, on peut lire une réponse de Christian Guyonvarc'h à Philippe Argouarc'h, sur le choix des partenaires medias, mais pas le début de ces échanges, qui aurait peut être permis de mieux comprendre les reproches dus à l'absence de l'ABP parmi ces partenaires, qui semble être le point qui reste en travers de la gorge de Philippe Argouarc'h. En tout cas, une explication plus franche sur ce point, sur les propositions faites dans un sens ou dans l'autre et les raisons qui ont pu conduire à ne pas associer l'ABP à l'événement auraient sans doute été plus pertinente que cet article, qui sur un certain nombre de points, ne relève pas, à mon avis, d'un grand travail de journalisme.
Tout d'abord, sur le budget global de l'opération, je ne crois pas qu'on puisse se contenter d'une brève réponse de Guyonvarc'h pour tirer des conclusions, comme cela est fait. 300 000 € pour la campagne d'affichage, ça ne me semble pas nécessairement exorbitant, même si je n'ai pas trop de références en tête, mais en tout cas je n'ai jamais vu une telle campagne pour promouvoir un événement et à la limite, je la trouve presque disproportionnée par rapport à l'engouement encore relatif autour de cette fête. En tout cas, ça montre clairement une volonté de marquer les esprits, qui n'aura de sens que la fête prend dans les années qui viennent une dimension beaucoup plus grande, ce que je souhaite. Je trouve ça d'ailleurs plutôt positif, car c'est une campagne, qui à mes yeux est loin de relever de l'auto-promotion politique, comme on à tendance à trop souvent le voir, comme par exemple encore très récemment dans une région voisine que je ne citerai pas…
Pour les 300 000 € relatif au site web (ou 211 000 € suivant les sources), ça me paraît hallucinant, si on ne parle que du site en lui-même, mais dans ce cas, où est le budget pour la réalisation de tous les documents de com'. Je crois qu'il s'agit d'un ensemble, qui s'il paraît effectivement très cher, j'ai bien l'impression que c'est du même ordre qu'un paquet de campagne de com' commandées par différents acteurs publics, dès lors qu'ils travaillent avec de grosses agences de communication.
Vouloir comparer un tel budget, à celui de l'organisation de la Saint Patrick à New-York, en ne se basant que sur une phrase d'Olivier Balavoine lors du chat, me parait assez grotesque. S'agit-il dans ce cas du budget global ? de la participation de la République d'Irlande ? de la ville de New York ? est-ce que ça inclue ce que les associations ou corporations investissent elles-mêmes ? Est-ce que ça inclue la part des différents sponsors ? Ca me semble assez difficile à définir, donc sans plus de précisions, je vois mal comment ce bout de phrase pouvait être pris comme une base sérieuse de comparaison.
Sur le mode de désignation de l'agence de communication, là il peut être effectivement légitime de s'interroger, voire de mener une enquête sérieuse et approfondie, pour voir d'une part si l'argent public investi dans cette opération l'a été à une juste hauteur et si l'ouverture à la concurrence a été correctement respectée. Il ne sert à rien de se contenter d'insinuation si on ne va pas plus loin. Par contre, il est cocasse de dénoncer le recours à une agence de com' parisienne, sachant que les règles de passation des marchés publics ne permettent pas d'appliquer de «préférence régionale» et à moins que la Bretagne ne redevienne indépendante et à condition encore de se situer en dessous des seuils imposant l'ouverture à l'ensemble de l'Europe des Appels d'Offres, il n'y a que pour de tout petits marchés, qu'une consultation directe de quelques candidats potentiels peut être envisagée.
Pour ce qui est de la dernière réflexion de cet article, à moins d'argumenter sur le manque de compétence de telle ou telle personne, je la trouve vraiment plus que douteuse. Dans ce cas pourquoi ne pas s'interroger sur la pertinence de la désignation de Lisardo Lombardia à la tête du festival Interceltique, ou sur celle d'Andrew Lincoln il y a quelques années à la présidence de Diwan… Ne comptez pas sur moi pour vous suivre sur ce terrain là…
Réjouissez vous même du calme dont font preuve les dociles bretons, dans d'autres parties d'Europe ce genre de chose se passent beaucoup moins cordialement.
Ne seriez vous pas ce Versaillais, patron de radio Courtoisie et du journal «la voix des Français» (ça ne s'invente pas)... Parce que si c'est le cas, c'est gentil, mais un peu comique aussi, de venir ici éclairer les «dociles Bretons», sur la nécessité de se débarrasser des donneurs de leçons français et parisiens. Ceci dit, comme vous n'avez pas complètement tort, je vous invite à retourner à vos salons «vieille France», avec vos amis du club de l'Horloge et laisser les Bretons tranquilles, car il est clair qu'ils n'ont pas besoin de gens comme vous…
Suis un peu de l'avis de Ronan, l'ABP a flairé le bon coup...mais bon pas de quoi fouetter un chat, certes on peut, comme citoyen regretter qu'une telle somme d'argent public soit employé à ces fins, mais laissons nos élus agir, de plus il n'y a pas d'augmentation du budget com de la région, alors...? Je trouve certains un peu pisse vinaigre, reprochant tantôt à la région et à ces élus une tiédeur dans l'action pour promouvoir la Bretagne dans son intégralité et reprocher une action valorisante globale...la Saint Yves...Mystères! Certains seraient ils nostalgiques de l'ère de Rohan, traites à la Bretagne de pères en fils et jacobins notoires depuis des lustres ? Il y a surement des agences de com en Bretagne, mais avec de tels raisonnement étriqués, il n'y aurait pas de retables flamand en Bretagne, ni des églises style renaissance, et un certain Gustave Doré, sculpteur breton renommé n'aurait pu exporter son art au Portugal et en Espagne...de l'air que diable
En Bretagne ils brillent par leur inaction et leur suivisme moutonnier.
Sur le reste du dernier commentaire, comparez les commandes d'art flamand à un site internet me laisse dubitatif. Dans le même genre: pourquoi avoir des maçons bretons quand on peut en avoir d'ailleurs ? C'est vrai cessons d'être «étriqués»...
Mais pendant ce temps là les secteurs économiques concernés s'enfoncent dans le sous développement...