Gilles Martin-Chauffier : Ne pas perdre la mémoire

Communiqué de presse publié le 14/05/09 23:35 dans Histoire de Bretagne par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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Avec près de 35 000 exemplaires de son livre «Le roman de la Bretagne» vendus, Gilles Martin-Chauffier revient en Bretagne pour une conférence à Bains-sur-oust sur le thème : «La Bretagne a un passé, a t'elle un futur? »

Il faut dénationaliser l'Histoire de France

« L'histoire de France est un très beau maquillage [...] Les régions françaises sont enfermées dans la camisole de la France [...] Philippe Auguste ou Pépin le Bref n'ont jamais régné sur la Bretagne [...] La vision de la France de Michelet est fausse» nous rappelle Chauffier. Les faits sont indiscutables et indiscutés. La conclusion est logique : «l'Éducation nationale se sert dans l'histoire comme dans un libre service». Elle a choisi ses «bons Bretons» c'est a dire ceux qui ont servi le royaume comme Mauclerc, Clisson, Richemont ou Du Guesclin et même Anne de Bretagne, et plus tard ceux qui ont servi l'empire puis la République.

Les autres, les rebelles ont été démonisés puis oubliés. Dans cette histoire de France, personne ne parle de Nominoé, du duc de Mercoeur ou de Le Chapelier. Alors Gilles Martin Chauffier raconte. Il essaye de combler les trous. Il nous urge de ne pas perdre notre mémoire, condition nécessaire pour avoir un futur.

Sorties des oubliettes, des vérités qui dérangent

La Bretagne de Jean V en 1450 était si riche que son budget égalait celui de Venise, était le triple de celui de la Bavière. Sa flotte comprend 2000 navires.

Mais au lieu de créer des universités et de développer les ports et de créer de grandes compagnies maritimes, les ducs de Bretagne ont investi dans des enclos paroissiaux et payé des oboles à Rome ! De très mauvais choix économiques selon Martin-Chauffier. De plus les forteresses que les ducs faisaient construire aux marches de Bretagne n'étaient qu'une ligne «Maginot» engendrant un faux sentiment de sécurité. De toutes façcons, la conquête de la Bretagne a commencé bien avant 1488, quand les élites bretonnes ont commencé allées étudier à l'Université de Paris, dés 1200, et à la Sorbonne dès 1280. «On allait se faire former par les gens qui voulaient nous conquérir» assène Martin-Chauffier.

La tare bretonne

Les Bretons ont toujours été divisés. Cela culminera avec les Blois et les Montforts et la guerre civile. La noblesse bretonne à en grande partie trahi la Bretagne mais pire, toute imbue d'elle-même, elle ne s'est pas présentée aux états généraux en 1789 ! Ces 50 votes auraient, dans un sens, pu bloquer certaines décisions irrémédiables comme l'abolition des libertés et des droits particuliers de la Bretagne.

Dommages collatéraux

La Bretagne a été ruinée par la guerre franco-anglaise, une guerre de 150 ans, bien plus meurtrière que la guerre de cent ans, et qui va de 1672 à 1815. Commerce outre-manche interdit par décrets, blocus continentaux, pillages et incendies des ports bretons par la marine anglaise, épidémies ramenées par les équipages de la flotte, mortalité élevée des marins au long cours et de la course, corps expéditionnaires décimés, guerres des colonies, etc etc... la liste est longue. La Bretagne en sortira exangue, à genoux même, saignée a blanc. Le devoir de mémoire reste à faire.

Philippe Argouarch


Vos commentaires :
thierry jolivet
Mercredi 25 décembre 2024
je n'ai malheureusement pu être présent à cette conférence organisée par mes amis de Redon... par contre, ce que je crois, c'est que dans le sillage de ce mouvement médiatique d'ampleur, autour de la vulgarisation de notre histoire bretonne, introduit par Joel Cornette, Philippe Tourault, JP Le Mat, JJ Monnier, G Martin Chauffier et d'autres, il est temps de re-travailler sur la création d'outils didactiques pour les divers cycles d'enseignement, passer aussi par des outils collaboratifs en ligne libres de droit... et surtout créer une plateforme revendicative, rassemblant diverses organisations et personnalités, hors des clivages culturels, éducatifs, politiques et intérêts commerciaux, en faveur de l'enseignement de l'histoire de bretagne dans les divers niveaux éducatifs.

David Autret
Mercredi 25 décembre 2024
Absolument rien contre le fait que Mr Martin-Chauffier ecrive et vende un livre sur l'Histoire de la Bretagne. Surtout s'il ne suit pas le mouvement «négationiste». Par contre, je suis 200 % avec Thierry Jollivet.

Loeiz Le Bec
Mercredi 25 décembre 2024
Tout à fait d'accord avec le commentaire de l'ami Thierry.Je suis seulement surpris qu'il ne cite pas l'association IDENTITE BRETONNE qui depuis 1996 applique trés exactement le programme qu'il esquisse dans son texte. Ar C'henta Loeiz Ar Beg pdt de Identité Bretonne

Ghildas Durand Touz, Dr
Mercredi 25 décembre 2024
Je rebondis sur Thierry Lollivet & Loëz Ar Beg : il va vraiment falloir faire un front d'historiens & à part cela, je veux dire que les techniciens devront imposer aux «politiques»,(ou pseudo) puisqu'ils sont nuls : pourquoi ne pas créer une sorte «d'Unvaniezh an Ugent v-Breur», pe Hanter-Kant!. De toute façon, n'en déplaise à notre excellent Loïez Ar Beg, la Maison s'écroule. (Comprenne qui pourra). Il va donc falloir s'unir. Je propose une sorte de Groupement Associatif contre le Négationnisme Anti-breton (GANA) ('bouez penn) évidemment : je veux bien faire la coorditation au départ; après, vous vous débrouillerez sans moi. Si Ok : ghildasdurandtouz [at] laposte.net Bien à vous chers confrères. (N.B. : Si, cette fois-ci l'ABP ne laisse pas passer : on aura tout compris !).

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