Une Bretagne ouverte sur le monde
Depuis le début, comme l'a fait remarquer ce matin son fondateur : Michel Le Bris, le festival de Saint-Malo, «Étonnants voyageurs», est une ouverture sur le monde. C'est un festival international et qui, de plus en plus, est connu à l'international. Dès 1992, Le Bris avait publié 'Pour une littérature voyageuse', petit volume sorti aux éditions Complexe à l'occasion du festival Etonnants Voyageurs de cette année-là. Il écrivait alors : «Après des décennies de soumission aux diktats des sciences humaines, du laminage par les chars lourds de l'idéologie, de déconstruction au nom du signe-roi, ou d'abandon à ses petits émois, il est urgent de revenir à une littérature qui dit le monde», expliquait-il déjà à l'époque.. Ce matin Le Bris a réaffirmé cette direction. Il n'a pas hésité à opposer sa littérature étonnante, celle que l'on soupçonne héritière des grands découvreurs bretons du 16e et 17e siècles, d' une littérature du grand large genre Melville ou Jules Verne, exploratrice d'autres civilisations genre Le Clézio, héritière aussi de l'aventure des frontières et des grands espaces sauvages de Rudyard Kipling et Jack London, à une littérature française «nombriliste».
200 invités répondront aux besoins de fictions
Pendant trois jours, du 30 mai au 1er juin. , Saint-Malo va reçevoir plus de 200 invités : des écrivains, des réalisateurs, des photographes, des dessinateurs. Le thème sera approprié aux temps qui courent « Monde en crise, besoin de fictions ». Il y aura conjointement un festival du film qui témoignera en particulier d'une révolution qui se situe aux USA: le rôle primordial des scénaristes au dépend des réalisateurs, en particulier dans les séries télévisées. Il y a aura plus de 150 projections sur trois jours dans neuf lieux . Parallèlement, il y aura aussi un festival «littérature jeunes» qui commencera 2 jours plus tôt.
Le grand absent
Dans la catégorie «Ceux qui n'ont pas pu venir», Le Clézio sera le grand absent de ce 20e festival puisque qu'il sera à Albuquerque pour des raisons familiales. Le Clézio qui déclarait récemment à Stockolm lors de la remise de son prix Nobel «La culture, je le disais, est notre bien commun, à toute l’humanité», et l'étonnant voyageur, Michel Le Bris, sont des bâtisseurs d'un nouvel universalisme. Le Bris prône une «littérature-monde» et parle même de «révolution copernicienne» : Paris aujourd'hui, doit céder sa centralité comme la terre avait dû céder la sienne après Copernic.
Philippe Argouarch
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