L'accord gauche-droite au Pays basque sud, teinté de rhétorique constitutionnaliste

En Bref publié le 31/03/09 6:32 dans Europe par Mikael Bodlore-Penlaez pour Mikael Bodlore-Penlaez

Le Parti Socialiste d'Euskadi (PSE) et du Partit Popular (PP) ont présenté hier l'accord définitif pour la formation d'un gouvernement de coalition où gauche et droite se soutiendront mutuellement. Bien que minoritaires face au Parti Nationaliste Basque (EAJ-PNV) qui avait remporté les élections mais ne disposait pas de la majorité, la coalition «nationaliste espagnole» souhaite soutenir que qu'elle appelle la «défense des libertés» et limiter le processus de normalisation de la langue basque.

La lutte contre ETA est au centre du premier chapitre du pacte, avec des dispositions bien claires : «Application de la légalité et de tous les instruments de l'État de Droit pour combattre contre ETA» ; «détermination politique pour que disparaisse de l'espace public toutes les tentative de légitimation directe ou indirecte de la violence» ; «support permanent et reconnaissance des victimes du terrorisme» ; «suppression des budget de la collectivité d'aides aux associations de parents de prisonniers d'ETA» ; et surtout, «engagement que la violence terroriste n'obtiendra jamais aucun avantage ou intérêt politique».

En ce qui concerne l'autogouvernement d'Euskadi, PSE et PP considèrent que le Statut particulier de Gernika est «pleinement en vigueur» dans le «cadre de la Constitution». Ceci dit, le pacte édicte que Vitòria et Madrid s'accorderont pour que les transferts de compétences aient lieu dans les trente ans après l'approbation d'un texte.

Mais le chapitre du pacte qui marque le plus fort changement concerne la politique linguistique. De facto, les deux partis espagnols se sont mis d'accord pour réduire sur le papier le rôle de la langue basque en Euskadi et proposent ce qu'ils appellent la «liberté d'option linguistique», c'est à dire que les parents puissent choisir la langue véhiculaire de l'enseignement des enfants, sachant que la solution retenue jusqu'à ce jour était l'enseignement obligatoire du basque, seule solution viable pour sauver cette langue menacée par l'omniprésence de l'espagnol. Et comme si cela ne suffisait pas, le PSE et PP proposent d'accorder progressivement un poids plus grand à l'anglais.

Un autre aspect important de cette «profonde réforme» touchera la radiotélévision basque, EiTB. Selon le PSE et le PP, il faut «garantir une ligne éditoriale que respecte et qui défende» le «cadre institutionnel» d'Euskadi. Le texte affirme qu'EiTB devra porter «une attention particulière à la diffusion de valeurs démocratiques, en empêchant de couvrir ou de faciliter les terroristes.» Il détaille aussi que «la ligne éditoriale, aussi bien que les représentations graphiques ou infographiques de la programmation d'EiTB, s'inscriront dans la réalité politique et institutionnelle qui représente la Communauté Autonome du Pays Basque».

Cet accord pourrait, à tord, faire penser que l'ancien gouvernement dirigé par le Parti Nationaliste Basque était favorable au terrorisme et à la violence, ce qu'il a toujours dénoncé. En fait, il s'agit d'une rhétorique constitutionnaliste, typique des partis nationalistes espagnols et souvent hostiles à l'autonomie régionale et aux langues qui sont parlées dans ces territoires.

Article traduit du catalan : MónDivers.cat est partenaire d'Eurominority.eu


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