Créé en 1983 et financé par le Conseil général des Côtes-d'Armor, le Prix Louis Guilloux est, de très loin, le prix qui a le montant le plus élevé des prix littéraires attribués chaque année en Bretagne : 20 000 euros. L'année dernière, il avait été attribué à l'écrivain algérien Boualem Sansal. Il vient d'être attribué hier à Bernard Chambaz et il lui sera effectivement remis à Saint-Brieuc le vendredi 6 mars prochain. Ce prix est décerné chaque année à un auteur de langue française dont l'œuvre se situe dans l'esprit de Louis Guilloux (Saint-Brieuc, 1899 - Saint-Brieuc, 1980).
Fils d'un cordonnier de Saint-Brieuc, ardent militant socialiste, Louis Guilloux a lui-même été un militant de la cause ouvrière, de la culture populaire et de la solidarité avec les exploités, un profond humaniste, généreux, sensible et ouvert, qui a marqué tous ceux qui l'ont connu. Pour vivre, Louis Guilloux dut faire de nombreux métiers - employé de bureau, voyageur de commerce, colporteur, journaliste, traducteur d'anglais et d'autres encore, mais sa vraie vocation fut l'écriture et, dès 1927, il fit paraître chez Grasset un premier roman «La Maison du peuple», évoquant la vie à Saint-Brieuc à travers celle de son père. Puis, il y eut «Dossier confidentiel» (Grasset, 1930), «Compagnons» (Grasset, 1931), «Hyménée» (Grasset, 1932), «Angélina» (Grasset, 1934) et «Le Sang noir» (Gallimard, 1935), puis «Le Pain des rêves» (Gallimard, 1942), «Le Jeu de patience» (Gallimard, 1948), «Parpagnacco ou La Conjuration» (Galimard, 1954-, «'Les Batailles perdues» (Gallimard, 1960), «La Confrontation» (Gallimard, 1967), «Salido» suivi de «OK, Joe !» (Gallimard, 1976), «Coco perdu, essai de voix» (Gallimard, 1978) et, après sa mort, «Grand bâta» (Gallimard, 1981) et «Labyrinthe» (Gallimard, 1999). On lui doit aussi une pièce de théâtre «Cripure» et un volume de souvenirs : «L'herbe d'oubli» (1984); Un temps 'compagnon de route' du Parti communiste, Louis Guilloux revint d'un voyage en URSS 'vacciné' contre le stalinisme, mais n'en continua pas moins de militer activement pour une société plus juste et plus solidaire durant toute sa vie.
Le lauréat du prix qui porte son nom, appartient lui aussi à une famille de militants. Son père, Jacques Chambaz (1923-2004), professeur agrégé d'histoire fut député communiste de Paris en 1967-1968, membre du comté central du Parti et membre de son bureau politique. Son fils, Bernard Chambaz, né à Boulogne-Billancourt le 18 mai 1949, est également professeur agrégé d'histoire, au lycée Louis le Grand, à Paris. Parallèlement à son activité d'enseignement, il a développé une œuvre littéraire riche et variée qui comporte déjà plus d'une cinquantaine de titres, de la poésie, des récits, des essais, des romans et quelques livres pour la jeunesse. Passionné de cyclisme, Bernard Chambaz a fait sur la trace des coureurs, non seulement le tour de France en bicyclette, mais aussi le tour d'Espagne et le tour d'Italie. Un de ses derniers livres s'intitule d'ailleurs «Petite philosophie du vélo» (Toulouse, Milan 2008, 183 p.).
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