Partie à presque 500 personnes, la manifestation a ensuite grossi de quelques centaines samedi 21 février à Nantes pour soutenir les citoyens français en grève en Guadeloupe et dans tous « les Départements et Régions français d'outre-mer ». A partir de la place Royale, où une minute de silence venait d'être observée pour Jacques Bino, syndicaliste guadeloupéen CGT tué par balle en début de semaine, les manifestants ont déambulé dans les rues nantaises avec drapeaux et banderoles. On pouvait entendre des slogans comme « Halte à la répression ! Halte à la vie chère ! Oui à la satisfaction des revendications ! ». L'arrivée s'est faite à la Préfecture des Pays de la Loire pour remettre une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy.
Cette manifestation s'inscrivait dans un ensemble d'autres manifestations coordonnées qui se tenaient dans les principales villes françaises, et en premier lieu à Paris. Une quarantaine d'associations avaient appelé à manifester : les associations antillaises bien sûr, ainsi que l'ensemble de la gauche française (Parti Socialiste, Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Communiste Français, Lutte Ouvrière, CGT, SUD, Ligue des Droits de l'Homme, ATTAC…). Les difficultés économiques et sociales des ultramarins au cours de ces dernières années étaient au cœur des revendications des manifestants, avec une demande pour plus d'aides financières de la part de l'état français. Tenant à affirmer la citoyenneté française des habitants des Départements et Régions de Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion, les manifestants ont exprimé leur souhait de voir ces mouvements sociaux s'implanter en métropole. Si le mot colonialisme a parfois été utilisé, en particulier pour dénoncer l'existence de monopoles commerciaux tolérés ou favorisés par l'État, cela a toujours été dans le sens de l' « égalité républicaine » et de la légitimité à la France. En aucun cas il n'a été question de l'évolution institutionnelle, indépendance ou même simple autonomie des territoires, ni dans les appels à manifester, ni dans les slogans, ni dans les prises de parole. Deux formations bretonnes de gauche étaient aussi présentes, l'Union Démocratique Bretonne et Breizhistance, solidaires elles aussi des revendications sociales, souhaitant elles-aussi une « importation » des mouvements sociaux en Bretagne et en France. Mais avec cette fois un soutien exprimé publiquement ces derniers jours à la lutte pour un statut politique qui évolue vers l'indépendance.
Si la manifestation nantaise a été la plus importante, d'autres ont eu lieu en Bretagne, notamment à Brest, Quimper, Guingamp ou encore Saint-Brieuc.
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