Lettre ouverte à monsieur Yves Amiard, directeur du courrier pour l'Ouest Bretagne

Lettre ouverte publié le 21/01/09 6:58 dans Langues de Bretagne par Visant Roue pour Office de la Langue Bretonne 44
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Rennes/Roazhon le 19 janvier 2009

À l'attention de Monsieur Yves Amiard
Directeur du courrier pour l'Ouest

Objet : réorganisation du tri du courrier

Monsieur le Directeur,

Nous avons été plus que stupéfaits par les propos que vous auriez tenus, rapportés par la presse, concernant la langue bretonne dans le cadre de la réorganisation du tri du courrier. S'ils devaient être confirmés ils témoigneraient d'une bien curieuse conception du service au public.

En effet, la Poste incite aujourd'hui, ni plus ni moins, les communes à éradiquer la toponymie bretonne pour la remplacer par des dénominations françaises. Une des raisons invoquées serait la difficulté à traiter une graphie propre au breton, à savoir la lettre C'H. En réalité, ne serait-ce pas la nature même de nos toponymes qui dérange ? Trop de ker, de bihan et de bras, de izelañ et de uhelañ. Place aux mésanges, aux tournesols et aux pâquerettes !

Alors que le déclin du nombre de locuteurs n'est pas enrayé, la population bretonne, relayée par ses élus, déploie de grands efforts pour assurer un avenir à la langue bretonne. Le Conseil régional de Bretagne a adopté à l'unanimité un plan de politique linguistique en ce sens en 2004.

Le patrimoine linguistique de langue bretonne, partie intégrante du patrimoine immatériel promut de nos jours, est une des richesses majeures de la Bretagne, l'héritage des générations qui nous ont précédé, le cœur de notre identité et une richesse pour l'avenir.

Il est maintenant évident pour tous que l'héritage linguistique de la Bretagne est un des atouts de notre région dans un monde uniformisé et aseptisé. L'authenticité de notre « paysage linguistique » doit être jalousement préservée et non faire les frais du rouleau compresseur d'un prétendu progrès technique. Les lecteurs optiques ne sont que des machines et n'ont d'intelligence que celle que l'on veut bien y mettre.

Nous demandons instamment à la Direction du courrier pour l'Ouest de revenir à une position raisonnable et de prendre les mesures nécessaires pour le respect de la toponymie bretonne. Dans le cas contraire la prochaine étape sera-t-elle de nous obliger à franciser nos noms de famille afin de parfaire le nettoyage linguistique ? Les Guivarc'h, Guyomarc'h, Calloc'h, Manac'h et autres Floc'h devront-ils tous renier leurs ancêtres et se plier à de soit disant impératifs techniques que l'on veut nous présenter comme un progrès ?

La Poste, comme tous les autres services en Bretagne, doit comprendre que le temps du respect et de la pleine prise en compte de la langue bretonne et des brittophones est venu. Nous attendons un signe d'apaisement rapide de la direction du courrier.

Dans l'attente, veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de nos salutations les plus distinguées,

Lena Louarn, présidente de l'Office de la Langue Bretonne


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Vendredi 17 mai 2024

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