Goulven Éliès, sculpteur breton de Mexico

Présentation de livre publié le 23/12/08 9:57 dans People par Bernard Le Nail pour Bernard Le Nail

Goulven Éliès fêtera ses 80 ans le 4 juillet prochain à Mexico où il vit depuis plus de 50 ans et, à cette occasion, il fera paraître son autobiographie dont il vient de terminer récemment la rédaction. Ce livre sera trilingue, son texte devant paraître en espagnol, en français et en anglais.

Second fils de Fañch Éliès (Saint-Sauveur, 1896 - La Baule, 1963), Goulven Éliès est né le 4 juillet 1929 à Saint-Brieuc, où son père, agrégé de lettres, était professeur au lycée. Fañch Éliès est surtout connu sous son nom de plume d'Abeozen et il a été un important écrivain de langue bretonne, en même temps qu'un brillant linguiste, grand spécialiste du gallois et du moyen-breton. Proche de François Vallée (AbHerve) et de René Le Roux (Meven Mordiern), il travailla avec eux à faire évoluer la langue bretonne pour l'adapter à la vie moderne.

À la fin de 1940, Roparz Hemon fit appel à lui pour s'occuper des émissions en langue bretonne à la station de Roazhon Breizh et, bien qu'il ait toujours été un homme de gauche et un militant antifasciste, notamment ami de Louis Guilloux, cet engagement lui valu d'être arrêté à la Libération et détenu pendant 14 mois sans jugement à la prison Jacques Cartier de Rennes, puis frappé d'indignité nationale, ce qui mit définitivement fin à sa carrière dans l'Éducation Nationale. Il survécut en travaillant comme correcteur dans une imprimerie à Paris jusqu'en 1954. Il revint ensuite en Bretagne, à La Baule, mais privé de retraite, menant une existence difficile et luttant contre la maladie.

Sa famille en fut très affectée, d'autant plus que Fañch Éliès Abeozen avait quitté sa femme en 1941, la laissant seule avec leurs quatre enfants. Le jeune Goulven, qui avait senti une vocation d'artiste naître très tôt en lui, ne passa pas son bac et n'eut plus envie de demeurer dans une Bretagne où toutes les idées qu'avaient défendues son père et ses amis, étaient désormais dénoncées et combattues. Il eut envie de respirer un autre air et le service militaire en 1949/1950 lui permit de découvrir l'Afrique noire. Ensuite, il mena une existence d'artiste autodidacte, sculpteur, dessinateur et graveur, vivant successivement en Suisse, au Maroc, dans le midi de la France, en Algérie, puis en Allemagne. En 1957. Goulen Éliès est allé, avec sa femme Gloria, Canadienne rencontrée à Alger, vivre au Mexique, d'abord dans le port de Puerto Vallarta pendant cinq ans, puis, après que les époux se soient séparés, à Mexico, à partir de 1963. Là, pendant 20 ans, Goulven Éliès a enseigné les arts plastiques au Lycée français de Mexico. Il a aussi enseigné le yoga et travaillé pendant cinq ans dans une prison de femmes où il a aidé les détenues à se préparer à l'accouchement

Gérard Alle a consacré un bel article à Goulven Éliès en 2006 dans la revue «ArMen» (n° 151). Le 80e anniversaire de ce Breton devenu pleinement mexicain sera certainement l'occasion de reparler de lui en Bretagne.


Vos commentaires :
goulven
Vendredi 15 novembre 2024
Goulven est un beau nom, il est aussi le mien. En lisant la biographie de Goulven Eliès je suis ému.Je suis aussi sculpteur.

Berenice Charny
Vendredi 15 novembre 2024
J'ai eu la chance d'être son élève au Lycée Français de Mexico de la 6e jusqu'en 4e. Je garde un excellent souvenir de ce professeur qui nous a appris la perspective, la proportion dans le dessin, la créativité !
Par la suite j'ai été très surprise de constater qu'en France ma fille n'a pas eu la même chance au collège, les professeurs d'arts plastiques qu'elle a eu ne lui ont pas appris les bases fondamentales...

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