Conseil régional : Christian Troadec claque la porte de la majorité régionale

Dépêche publié le 20/12/08 9:15 dans Politique par Ronan Le Flécher pour ABP
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« J'ai mal pour mon pays, j'ai mal devant la Bretagne », a déclaré Christian Troadec devant l'assemblée régionale réunie en session budgétaire le 18 décembre à Rennes. Devant le sort réservé par l'État à l'hôpital de Carhaix et le soutien du parti socialiste au projet de « fusion sans conditions » avec le CHU de Brest, le bouillant élu du Poher a solennellement annoncé : « Je me mets aujourd'hui en congé de la majorité du Conseil régional de Bretagne ». Et de s'interroger : " Quel intérêt a donc le PS à accepter cette politique de casse des services publics ? " Cinglante la réaction de Jean-Yves Le Drian ne s'est pas fait attendre : " Vous êtes en train de vous précipiter dans une impasse. " Coup de théâtre au Conseil régional.

" Monsieur le Président, je me mets aujourd'hui en congé de la majorité du Conseil régional de Bretagne. Cette décision est liée au sort que l'État réserve à l'hôpital de Carhaix et à l'appui que la majorité régionale apporte à ce projet ", a lancé Christian Troadec dès l'ouverture de la dernière session du Conseil régional. Le maire de Carhaix refuse en effet le processus de fusion le CHU de Brest " sans condition préalable sans aucune garantie de maintien de services " que compte lui imposer l'État. " On nous dit : Fusionnez d'abord, on verra après ", s'est emporté l'élu à la pointe de la mobilisation depuis le printemps pour défendre l'hôpital du Poher.

Il a justifié son refus de "signer un chèque en blanc " par les exemples récents de fusions (qui) ne sont guère enthousiasmants, allusion à la fermeture des maternités de Hennebont, Auray et Concarneau. " L'État est intransigeant", a regretté le conseiller régional qui appartenait depuis quatre ans à la majorité de gauche plurielle menée à la Région par Jean-Yves Le Drian. « C'est la fusion dans les quinze jours ou la mort par asphyxie budgétaire, le départ organisé des médecins, les arrêtés de fermeture qui suivront. » « Qui nous fera croire (…) que l'on ne peut pas trouver pour Carhaix trois anesthésistes, un gynéco et un chirurgien ? »


Troadec voit rouge : "Je vous demande de vous ressaisir"

« Ce chantage de l'État est aujourd'hui cautionné par la majorité PS de la Région », a-t-il dénoncé provoquant la réprobation sur les bancs de la majorité. « Si on me laisse la parole sans que je sois sifflé », a-t-il alors ajouté : « Je me demande sincèrement quel intérêt a le PS à cautionner cette fusion sans conditions, alors que l'on connaît par avance les mesures de fermeture qui seront prises. » Fustigeant « un État voyou et manipulateur » et la « politique de casse des services publics organisés par l'UMP » sur laquelle, selon lui, les élus socialistes ferment les yeux, Christian Troadec a interpellé d'un ton glacial Jean-Yves Le Drian et de ses amis socialistes : « Je vous demande de vous ressaisir. »

« Qu'importe en fin de compte si le Centre-Bretagne ne dispose pas de routes à deux voies, ni de TGV ni encore moins d'aéroport. L'État nous enlève le peu qu'il nous reste, la fierté, le droit de naître au pays », a conclu l'élu carhaisien qui assure vouloir rester « fidèle à (ses) engagements auprès des Bretonnes et des Bretons ».


Réponse du berger à la bergère

Se sentant personnellement mis en cause par le maire de Carhaix, Jean-Yves Le Drian piqué au vif s'est défendu devant l'ensemble des conseillers régionaux. Il a fait valoir que la priorité était " la santé, la sécurité des habitants du Centre-Bretagne ". « Vous êtes en train de vous précipiter dans une impasse », a prévenu le président de région. Non sans relativiser au passage le rôle de Christian Troadec dans la victoire de l'été, il a enchaîné : « Nous avons gagné sur la fermeture, sur la fusion et aussi sur la dette » avant d'insister sur la nécessité de « fertiliser les résultats d'une victoire, et non pas de les jeter aux orties ».

"Je poursuivrai à ma façon, en toute liberté, le travail pour lequel j'ai été élu au Conseil régional", a promis Christian Troadec, membre de la liste Verts-UDB-Gauche alternative qui avait fusionné au second tour avec la liste PS-PRG. Pour la première fois depuis son élection aux manettes de la Région en 2004, la majorité de Jean-Yves Le Drian se lézarde. Par ce nouveau coup d'éclat, Christian Troadec refait surface quelques semaines après avoir lancé le mouvement "Nous te ferons Bretagne" en vue des prochaines élections régionales.

Le Drian/Troadec : le torchon brûle

Dès le lendemain matin de sa déclaration, l'élu carhaisien a pris part à la manifestation de défense des hôpitaux de proximité qui a rassemblé 400 et 500 personnes à Quimper. Place de la Résistance ! "Je ne pensais pas que nous reviendrions après la grande victoire du mois de juin", a regretté Christian Troadec. "Mais comment pouvons-nous accepter une fusion avec le centre hospitalier de Brest sans garantie, ni sur les services, ni sur les finances, ni sur le matériel, les postes, ni sur le maintien de la maternité et la chirurgie ?".

Pendant ce temps, se poursuivait la dernière session de l'année à l'Hôtel de Courcy à Rennes. Maria Vadillo, conseillère régionale déléguée à la santé, a tenu à clarifier la position du Conseil régional : « L’hôpital de Carhaix ne peut pas continuer d’exister en autarcie. Et si on veut le rendre pérenne, il faut aller à la fusion, et très vite ». Comme une seconde couche après les propos du président Jean-Yves Le Drian qui n'est autre que ... son mari, elle a stigmatisé l'attitude de Christian Troadec : "Il feint d’ignorer l’effort fait par la Région pour Carhaix." Entre Jean-Yves Le Drian et Christian Troadec, le torchon brûle.

(voir le site)

Ronan LE FLÉCHER


Vos commentaires :
Mardi 7 mai 2024
Bravo Christian Troadec. J'admire beaucoup ta grande lucidité et ton courage exemplaire. Je savais depuis longtemps que le parti socialiste mettrait tout en oeuvre pour entraver ton action. Ce n'est pas par hasard que le fameux Ferrand a débarqué à Carhaix. Dès qu'une forte personnalité surgit et qu'elle affiche une volonté de défendre les intérêts collectifs bretons, les responsables politiques parisiens cherchent par tous les moyens à la neutraliser.Les clivages droite/gauche perdent alors de leur pertinence. Tous se retrouvent main dans la main pour sauvegarder leur Système immuable et sacré. Et l'on retrouve aussi, bien entendu, de petits minables, invoquant trente-six mille raisons, pour les suivre. Celle qui, par exemple, au nom de la défense des intermittents du spectacle se serait réjouie de la disparition de la fête des Vieilles Charrues, avec les conséquences que cela aurait entraînées pour la région carhaisienne. Il ne lui viendrait sans doute pas à l'idée de s'en prendre à la structure de la Radio-Télévision française, qui emploie pourtant le plus grand nombre d'intemittents et qui les exploite cyniquement. Il est vrai qu'il faut plus de courage pour affronter de telles forces ! En tout cas, je suis heureux que des hommes de ta trempe nous donnent l'exemple de la résistance à un pouvoir jacobin qui veut notre anéantissement. A wir galon FK
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