À propos de la nomination du Breton de l'année

Point de vue publié le 15/12/08 14:44 dans Courrier des lecteurs par Yann Morel pour Yann Morel

J'ai appris par l'ABP,non sans un certain étonnement, la nomination de M. PPDA comme « Breton de l'année ». .J'avoue ne pas me reconnaître en tant que militant breton et poète dans cette élection bien qu'étant abonné à la revue Armor ; je n'ai pas non plus été consulté sur ce choix ni sans doute les autres abonnés ou lecteurs.

Comment peut-on être breton ? s'interrogeait Morvan Lebesque devenu militant actif de la Bretagne. À l'indice d'écoute et d'apparitions dans la minable petite lucarne jacobine ? À la fréquentation des misérables causettes sur France 3 ? Aux valeurs très morales du CAC 40 ? Par le nombre d'écrits à l'année ?

Nous sommes inondés par les médias, de ces personnages se découvrant bretons jusqu'au bout des ongles, soudainement, comme une éruption cutanée, pendant les 2 beaux mois de l'été ou lors de défilés sur les Champs parisiens. Tous nous promettent un avenir celtique radieux et prêchent les bonnes paroles d'usage pour ne froisser personne : la Bretagne est belle, il faut sauver la langue bretonne, BZH=44. C'est même à se demander pourquoi il y a depuis des lustres des militants de l'Emsav. Mais le lendemain de fête tout est oublié. Les belles paroles sont comme les feuilles mortes et non pas comme les feuilles d'imposition : elles s'envolent lorsque reviennent nos mois noirs bien de chez nous et que l'on s'empresse de reprendre l'avion ou le TGV pour regagner au plus vite les salons feutrés de la capitale.

Bien des Bretons mériteraient ce titre de « Breton de l'année », membres par exemple d'associations de défense de notre culture et de notre patrimoine. Ces gens-là n'ont pas le droit à la parole dans les médias. Ces gens-là ne défilent pas à l'étranger avec le Gwen Ha Du bien en évidence. Mais ces gens-là n'ont pas du temps à perdre dans des séminaires pour invités triés sur le volet. Par une cruelle ironie du sort, j'apprends par la même ABP, la disparition de Robert Legrand, homme discret, au dévouement exemplaire pour son pays, loin des magazines people et des journaux « bretons » racolant les miettes à la table des princes de Sodome-Paris. Je n'ai pas souvenance d'avoir vu le nom de Robert Legrand cité à ce titre de « Breton de l'année » malgré son immense investissement désintéressé et sincère à la cause bretonne. Il manquera beaucoup à la Bretagne.

Yann Morel


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