Évelyne Brisou-Pellen : déjà plus de 4 millions de livres vendus

Revue de film publié le 15/11/08 1:32 dans Cultures par Bernard Le Nail pour Bernard Le Nail
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La Bretagne est riche en écrivains, mais les Bretons eux-mêmes ne soupçonnent pas l'importance de certains d'entre eux qui connaissent pourtant un succès phénoménal. C'est le cas d'une romancière rennaise qui construit depuis 1978 une œuvre qui compte déjà aujourd'hui une centaine de titres : Évelyne Brisou-Pellen. Elle a déjà vendu 4 500 000 exemplaires de ses livres et, après avoir eu longtemps du mal à vivre de sa plume - elle était loin de dégager l'équivalent du SMIC avec ses droits d'auteurs - elle est maintenant sur un rythme de 150 000 à 200 000 exemplaires par an. Le nom d'Évelyne Brisou-Pellen a été donné, il y a déjà plusieurs années à un collège d'Ille-et-Vilaine, ce qui est un privilège rare pour un auteur vivant, et son nom est bien connu de tous les bibliothécaires spécialisés dans le domaine de la jeunesse ainsi que de nombreux enseignants, mais pas nécessairement du grand public.

Il faut dire que la littérature de jeunesse continue de pâtir en France d'un préjugé ridicule et injuste qui voudrait qu'elle soit inférieure à la littérature adulte, plus facile et de moindre intérêt littéraire. Il s'agit là d'une vision bien propre à la France que l'on ne trouve pas dans l'Europe du Nord, ni dans le monde anglo-saxon, ou l'on ne fait guère de différence entre les auteurs qui écrivent pour la jeunesse et les autres. Évidemment, les auteurs de jeunesse évitent la pornographie et la violence gratuite qui sont présentes dans beaucoup de livres catalogués 'pour adultes', mais ils n'hésitent pas aborder des problèmes de société très actuels et à soulever des questions graves qu'il aurait été impensable d'aborder, il y a une ou deux générations. La limite n'est d'ailleurs pas évidente entre les genres ni entre les âges. Pré-adolescents, adolescents et jeunes adultes partagent souvent les mêmes lectures. Les jeunes constituent aujourd'hui un public aussi exigeant que le public adulte et cela fait bien longtemps qu'ils n'apprécient plus les histoires à l'eau de rose, débordant de bons sentiments, mais dépourvues d'une réelle qualité d'écriture. La concurrence de la télévision, des jeux vidéo et de tous les films et spectacles auxquels ils peuvent avoir maintenant accès facilement et gratuitement sur internet, rend la tâche des écrivains beaucoup plus exigeante. La médiocrité n'est plus de mise et des séries du genre «Club des Cinq» ou «Fantômette» n'auraient sans doute plus aucun succès aujourd'hui. Pour capter et garder l'attention de nombreux lecteurs, il faut vraiment beaucoup de travail et de talent.

Évelyne Brisou-Pellen a été elle-même une grande lectrice dans sa jeunesse, mais, quand elle était petite, le choix qui lui était offert était assez limité. Elle n'a eu longtemps accès qu'aux romans de Jules Verne dont elle n'a jamais réussi à lire un seul jusqu'au bout, et à ceux de la comtesse de Ségur, qu'elle a lus et relus un grand nombre de fois. C'est une institutrice dont elle garde un souvenir ému qui lui a donné le goût d'écrire et, en CM2, elle a remporté le prix de rédaction d'Ille-et-Vilaine. Au lycée, elle a dévoré tous les livres de la bibliothèque et, plus tard, elle a découvert les œuvres de nombreux écrivains dont Paul Claudel, grâce à ses professeurs en faculté de lettres, don Jean Thoraval et Jacques Vier. Elle a aussi suivi les cours de linguistique du professeur Gagnepain et elle a choisi pour son mémoire de maîtrise en lettres un sujet de grammaire : «L'emploi de l'adverbe toujours», choix déjà révélateur d'une grande exigence personnelle au plan de l'écriture.

Évelyne Brisou-Pellen a envoyé une première histoire «La Porte de nulle part» au journal «Pomme d'Api» en 1977, mais son premier texte publié a été «Monsieur Jour et Madame Nuit», une belle histoire publiée par Fleurus en 1978 sous la forme d'une bande dessinée, puis «La Porte de nulle part» dans la collection Belles histoires de Pomme d'Api en 1980 (et réédité en 1989). Depuis 30 ans, elle a publié pas moins de 140 textes, dont une bonne centaine de livres, en grande majorité des romans, avec des tirages de plus en plus importants et elle s'est imposée comme une des auteures de jeunesse de langue française les plus importantes.

Son œuvre et riche et variée et elle a aborde de nombreux genres : le roman fantastique avec «Le Mystère de la nuit des pierres», imprégné de légendaire breton, «Le Maître de la septième porte», «La Griffe aux sorciers» et «La Maison aux cinquante-deux portes», le roman policier avec «À l'heure des chiens», «Mystère au point mort», «Du venin dans le miel» ou «Le Fantôme de Maître Guillemin», ou encore la science-fiction avec «La dernière étoile», mais le domaine dans lequel elle excelle, c'est le roman d'aventures qui a le plus souvent pour cadre d'autres pays que le nôtre et surtout d'autres époques. Ses histoires sont toujours fondées sur un très solide travail de recherche documentaire, tant culturel que géographique et économique, qui lui prend souvent des semaines, voire des mois, et qui ne laisse aucune place à l'invraisemblance ni aux anachronismes.

La plupart des romans d'Évelyne Brisou-Pellen se suffisent à eux-mêmes et ne comportent pas de suite, mais elle a aussi écrit des séries comme celle des aventures de Garin Troussebœuf qui a démarré en Bretagne avec «L'Inconnu du donjon», roman qui avait pour cadre le château de Montmuran, au nord de Rennes, et pour époque la Guerre de Succession de Bretagne (1341-1364). Elle a ensuite promené son jeune héros à travers l'Europe, au mont Saint-Michel, sur les chemins de Compostelle, à Avignon, à Venise, etc. Après treize titres, Garin Troussebœuf a été mis en sommeil, au grand désespoir de ses lecteurs, mais il reprendra peut-être un jour la route pour de nouvelles aventures. Il y a eu aussi la série 'La Tribu de Celtill' avec quatre titres parus, ayant pour héros un jeune Gaulois âgé de douze ans, pour cadre la Gaule romaine et faisant revivre cette période peu connue durant laquelle les habitants de ce pays se sont peu à peu romanisés.

Plus récemment, il y a eu une autre série de quatre volumes, 'Les protégées de l'empereur', ayant pour cadre l'empire de Charlemagne Les deux premiers volumes, «Meurtre au palais» et «Le Destin d'Alaïs», sont parus en mai et en octobre 2007. Le personnage central, Alaïs, vit à la cour impériale à Aix-la-Chapelle, puis le suivant, «Droit dans le cœur» (mai 2008) met en scène les enfants d'Alaïs et le quatrième, «Le Sortilège du feu» (octobre 2008) nous entraîne à Nantes avec les petits-enfants d'Alaïs au moment de l'invasion des Vikings.

Évelyne Brisou-Pellen s'est lancée maintenant dans une nouvelle aventure particulièrement ambitieuse, qui lui a déjà demandé deux années de recherche : une grande série romanesque qui comportera plus d'un dizaine de volumes et qui permettra à ses lecteurs de redécouvrir l'histoire de la France, débarrassée de ses mythes et du chauvinisme qui a trop longtemps imprégné les manuels scolaires, mais en s'appuyant sur les derniers travaux des historiens d'aujourd'hui. Elle a en effet été frappée de voir à quel point les nouvelles générations manquaient de repères et n'arrivaient pas à mettre les grands moments de l'histoire en perspective. Dans un souci louable de ne pas réduire l'enseignement de l'histoire à un long chapelet de batailles et de guerres, de mariages princiers et de révolutions, comme c'était trop souvent le cas autrefois, et de privilégier la vie quotidienne des populations et les grands traits des civilisations, on a éliminé l'apprentissage des dates et des faits précis, si bien que, le cinéma et la télévision aidant, il n'est plus resté de l'histoire chez beaucoup de nos contemporains qu'un grand fouillis dans lequel les faits réels et la fiction se mélangent allègrement tandis que les périodes se télescopent dans la mémoire individuelle et collective. Évelyne Brisou-Pellen a donc proposé aux responsables des éditions Gallimard une série de romans historiques, solidement documentés sans jamais être pédants ou lourdement pédagogiques, mais permettant de bien remettre les faits en place. Cette nouvelle série va démarrer en février 2009 avec un tir groupé de trois titres, puis trois autres paraîtront en octobre, et Évelyne Brisou-Pellen travaille déjà à la suite pour 2010 et 2011. Le premier de ces trois romans aura pour cadre la Gaule à l'époque d'Alésia et le deuxième, l'arrivée des Huns menés par Attila, cinq siècles plus tard.

En dépit d'un programme de travail constamment très chargé, Évelyne Brisou-Pellen attache beaucoup d'importance à la rencontre de ses lecteurs et elle intervient au fil des mois chaque année dans de nombreux établissements scolaires. Elle était présente aussi au Festival du livre en Bretagne à Carhaix les 25 et 26 octobre derniers et à Plestin-les-Grèves le 9 novembre dernier. On pourra la rencontrer dans les prochaines semaines :

• à Valognes (Manche) ce samedi 15 et ce dimanche 16 novembre

• à Montreuil, au Salon du livre de jeunesse, le samedi 29 novembre

• à Vannes, lors de l'ouverture de la FNAC, le 6 décembre.

• à Larmor-Plage, dans la librairie Louise Titi le dimanche 21 décembre

• à Rennes, au salon 'Rue des livres' les 21 et 22 mars 2009

• à Guérande, en librairie, le samedi 30 mai 2009.

Pour en savoir plus, on peut aussi aller visiter le site d'Évelyne Brisou-Pellen : (voir le site)


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