Monuments aux Morts bretons. 90 ans oubliés : du breton pour les morts bretons

Communiqué de presse publié le 31/10/08 4:44 dans Histoire de Bretagne par Michel Herjean pour Michel Herjean
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Plaque commémorative de Dixmude.

La Ligue Bretonne de Droits de l'Homme (LBDH), intervient pour ce 90e anniversaire de la fin de la guerre 14-18, pour demander que les Monuments aux Morts de Bretagne, qui « fleurissent » nos communes, accueillent, en ce 11 novembre, non seulement le drapeau breton, mais que les plaques, textes… qui ornent ces monuments soient systématiquement mises bilingues, breton-français, par respect, à titre de réparation historique, et au nom du ¼ de million de Bretons qui pratiquent encore et pour longtemps, on peut l'espérer, la langue bretonne. Cet anniversaire à la mémoire de ceux qui ne voulaient plus jamais çà, peut être l'occasion d'un grand examen de conscience, sans a priori, ni esprit jacobin déplacé.

La plupart, pour ne pas dire la grande majorité des Poilus bretons étaient bretonnants. Ils n'ont appris le français que dans les tranchées. Il ne s'agit pas d'idéologie, mais d'un fait avéré.

La première guerre mondiale ayant été, au-delà des millions de victimes, le premier grand choc linguistique qu'a dû subir la Bretagne, et ceci de façon particulièrement active.

On ne peut ignorer les débats actuels sur la reconnaissance patrimoniale de la langue bretonne. Alors, dans ce cadre, il convient de mettre les actes en correspondance avec les paroles.

En 1870, lors de la triste affaire de l'armée de Bretagne, Conlie, 70 000 Bretons sont morts de faim et de froid, parqués dans un camp. Sans doute faisaient–ils peur ? À qui ? Le général commandant le camp, se félicitant d'entendre les soldats déclarer : «d'ar gêr jeneral, d'ar gêr !» Ceci illustre aussi le mépris et le refus toujours actuel de reconnaître, au moins, le prix du sang versé. Les soldats de Conlie ne souhaitaient pas aller à la guerre : mais disaient, en breton : «à la maison» !!!

Combien sont morts en 14-18 pour avoir mal compris les ordres, puisque n'étant pas francisants, combien ont été abattus d'une balle dans la tête en 39-45, pour avoir dit «ya» (oui, en breton. Pas de chance pour nous, cela correspond aussi au oui allemand).

Lors de la deuxième guerre mondiale, la Bretagne a été très majoritairement une terre de résistance. Premiers maquis de Saint-Nazaire, Île de Sein … et tous les résistants ou actes de résistance, que l'on ne peut citer ici.

Bien sûr, la tarte à la crème on la connaît : une soixantaine de militants se sont perdus dans d'illusoires comportements collaborationnistes. Personne ne le nie. Mais depuis 60 ans, cet épiphénomène, ces actes, servent à toutes les occasions et dans tous les contextes pour nous contester un droit culturel et linguistique.

Le débat qui a surgi il y a peu à l'Assemblée nationale et dans les médias n'est pas nouveau ni une résurgence poussiéreuse. Nous le connaissons parfaitement depuis des décennies. Certains hommes politiques se revendiquent maintenant ouvertement du jacobinisme, idéologie pourtant tant décriée par nombres de personnes, d'institutions et de collectivités.

Notre demande n'est pas révolutionnaire, elle ne portera pas atteinte objectivement à la République, quoi qu'en disent certains, elle ne balkanisera pas non plus la France.


« Nous souhaitons voir flotter le drapeau breton sur les monuments aux morts de Bretagne et voir des plaques commémoratives en breton sur les différents sites.»

«Au nom de nos morts, pour leur mémoire et le respect de ce qu'ils étaient pour la plupart, des paysans bretons qui pour bon nombre d'entre eux, ne parlaient pas le français avant certains conflits.»


Au nom de cette grande idée que l'on appelle Démocratie. Qui n'est pas un concept figé d'une époque mais, par nature, un concept évolutif. Des milliers de gens passent chaque année dans ces lieux de mémoire petits ou grands ; là, le fameux boyau de Mort, de Dixmude tenu par les fusiliers-marins bretons de l'Amiral Ronarc'h, ici à Sainte Anne d'Auray, où les murs se passent de commentaires et forcent le respect. Quelques mots de breton sont déjà présents.

La seule question valable, en ce début de XXIe siècle est de savoir ce que l'on souhaite donner aux générations futures : une reconnaissance démocratique ou un nationalisme frileux replié sur lui-même. «La réponse ne se trouve pas qu'à Paris : elle est aussi ici, entre nos mains.»

Patrick Corlay

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