Émile Granville et Gaël Le Bras, élus municipaux du Parti Breton à Redon : Nous replaçons Redon dans le cadre de la Bretagne en lien avec Nantes et Saint-Nazaire

Interview publié le 21/10/08 10:34 dans Politique par Gérard Olliéric pour Parti breton
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Émile Granville maire-adjoint et conseiller municipal de Redon et Gaêl Le Bras.

Entretien avec Émile Granville et Gaël le Bras, élus du Parti Breton à la mairie de Redon.

Parti Breton : Quel est l'esprit de votre participation à la majorité municipale de Redon et quelles responsabilités avez-vous à la mairie ?

La liste s'est construite autour d'une équipe sans étiquette politique, centre gauche/centre droit. Nous apportons nos sensibilités politiques et nul n'ignore que nous sommes membres du Parti Breton. Notre présence sur cette liste a certainement joué pour gagner les élections quand l'on sait qu'elles ont été remportées à 48 voix près. La liste menée par le député PS de Redon a perdu les élections alors que celui-ci a pourtant été élu aux élections législatives en 2007 avec 56 % des voix sur Redon. L'équipe municipale est diverse et chacun y joue pleinement son rôle.

Gaël Le Bras : Depuis mars dernier, nous avons créé un Conseil consultatif de l'identité et de la culture bretonne que je préside. Il s'est déjà réuni trois fois. Il rassemble l'ensemble des associations de culture et de langue bretonnes de Redon, l'Office de la langue bretonne, ainsi que 3 élus de la majorité et un élu de la minorité. Par ailleurs, je suis membre du conseil d'administration de l'hôpital et je m'intéresse à tout ce qui concerne la santé, avec un problème récurrent, le recrutement de nouveaux médecins.

Émile Granville : Je suis maire-adjoint à l'Action Sociale et au Développement Durable, deux fonctions très prenantes et très intéressantes. Par ailleurs, je suis membre de la Communauté de communes du Pays de Redon, vice-président du Pays qui regroupe 55 communes, en charge de l'environnement, des économies d'énergies, de Natura 2000 pour les Marais de Redon, et du programme Forestclim, programme européen dont l'objectif est d'anticiper le réchauffement climatique pour la biodiversité des arbres.

PB : Pour les 6 ans qui viennent quels projets souhaitez-vous porter et faire avancer à Redon et sa région ?

Concernant la ville, il y a des objectifs environnementaux, comme un plan de désherbage "zéro pesticide" au printemps 2009, un bilan carbone, l'économie d'énergie, la nourriture biologique dans les cantines, et la mise en place de pistes cyclables. Pour la culture, nous voulons mettre à égalité de traitement la culture populaire et bretonne défendue par les associations et la programmation institutionnelle du Théâtre. Soutenir les filières bilingues du privé et du public. En 2010, nous aurons réalisé également une Maison des Associations. Au plan économique, il y a un grand nombre de projets partagés entre la ville centre et la Communauté de communes, avec les départements et la Région. Nous défendons le projet de transport multimodal et la construction d'un centre d'affaires autour de la gare TGV. Nous tenons aussi au désenclavement routier de Redon pour nous mettre sur l'axe Rennes/Saint-Nazaire et relier le Morbihan à la Loire-Atlantique par le contournement de Redon. Des bonnes voies d'accès sont des conditions nécessaires au développement économique.

PB : Qu'apporte la présence d'élus du Parti Breton dans une mairie telle que celle de Redon ?

Nous sommes d'abord élus à titre individuel, mais personne n'ignore que nous sommes membres du Parti Breton. D'ailleurs, cette appartenance est régulièrement rappelée dans les journaux. Certains cherchent aussi à nous porter tort par notre appartenance au Parti Breton. Ce qui est peine perdue et totalement déplacé car les gens nous jugent d'abord pour ce que nous sommes et par nos actions concrètes. Le Parti Breton fait désormais partie, tout naturellement, du paysage politique redonnais. Concernant les questions d'identité, nous apportons certainement une cohérence et une meilleure prise en compte des réalités locales tout en situant la culture bretonne dans un contexte européen. Nous sommes attentifs à ce que la culture bretonne soit mise en valeur dans l'ensemble des actions culturelles municipales. Nous replaçons Redon dans le cadre de la Bretagne en lien avec Nantes et Saint-Nazaire.

Nous montrons aussi que nous avons les pieds sur terre en nous préoccupant des problèmes quotidiens des Redonnais. De fait, nous sommes amenés à expliquer - et donc mieux faire partager - notre engagement pour la Bretagne.

PB : Redon vient de voter son adhésion à la charte Ya d'ar Brezhoneg ! niveau 2, Quelles sont vos ambitions ?

L'élaboration des actions pour la langue bretonne s'est faite en totale concertation avec les associations de langue et de culture bretonnes, dans le cadre du Conseil consultatif de la culture et de l'identité bretonne. Nous ne nous sommes pas préoccupés a priori d'obtenir le niveau 2, mais le nombre et la nature des actions choisies font que la Charte se situe au niveau 2. Nous souhaitons aller au-delà du symbolique. La Ville de Redon est en relation avec l'Office de la Langue Bretonne depuis 2007. La ville de Redon a réalisé un circuit d'interprétation historique du centre ville avec des panneaux explicatifs français/breton/anglais, et édité au printemps 2008 un livret historique avec une version en breton. La présence historique de la langue bretonne est forte à Redon et surtout nous voulons apporter une ouverture sociale à la pratique du breton en soutenant les classes bilingues. Il y a 200 élèves bilingues à Redon, Div Yezh et Dihun. Sur 123 sites en Bretagne, Redon se situe à la 16ème place en matière d'effectif. Nous solliciterons aussi la Communauté de communes pour la langue bretonne. Nous avons déjà pris de nombreuses initiatives avec les parents d'élèves, les autorités éducatives, et les mairies des communes environnantes pour développer la filière bilingue.

PB : Quelles sont vos relations avec les représentants de l'UDB et des Verts qui sont dans l'opposition ?

Nous sommes très déçus de l'attitude de l'UDB et des Verts qui font une opposition systématique, même lorsque les thèmes devraient en toute logique faire leur assentiment. Par exemple, au moment du vote pour l'interdiction des OGM dans les cantines municipales ou l'adhésion à une association qui développe l'agriculture biologique, ils sont intervenus pour contester ces choix. Autre exemple, au moment de la création du Conseil consultatif de la culture et de l'identité bretonne, c'est le membre de l'UDB qui est venu nous expliquer que les élus de l'opposition ne prenaient pas part au vote car ils souhaitaient parler uniquement de culture bretonne et qu'ils "étaient gênés" par la notion d'"identité bretonne". Ce qui ne l'a pas empêché d'être candidat et élu de ce conseil consultatif, avec les seules voix de la majorité. Dernièrement, ce même membre de l'UDB a expliqué au conseil municipal que nous allions trop loin avec le niveau 2 de la Charte de la Langue Bretonne. L'opposition s'est de nouveau abstenue et le représentant des Verts n'a pas été en reste de critiques alors que les Verts venaient de signer la Charte de la Langue Bretonne et nous expliquaient que leurs adhérents devaient soutenir les initiatives municipales. Leur attitude est uniquement politicienne et très négative. C'est dommage, car nous devrions être d'accord sur de nombreux sujets.

PB : Le pays de Redon est particulièrement concerné par la question de la réunification administrative de la Bretagne : que pensez-vous de la situation et quelles sont les perspectives pour faire avancer ce dossier ?

La division régionale du Pays de Redon est une catastrophe alors que le meilleur bassin d'emplois industriels est Nantes/Saint-Nazaire. Nous estimons que la Commission mixte entre la Région administrative et le département de Loire-Atlantique ne prend pas à bras le corps l'objectif de la réunification. Il ne s'agit pour les membres de cette commission que d'un dossier comme un autre, non prioritaire, et qui ne fait l'objet que de quelques mesures symboliques. Au moment de la manifestation du 30 septembre à Nantes, c'est le Conseil consultatif de la culture et de l'identité bretonne qui a pris l'initiative de la mobilisation à Redon. Nous facilitons par ailleurs les relations entre la Ville de Redon et l'association Bretagne Réunie. Localement, le besoin de réunification se fait sentir, ne serait-ce que par l'élargissement de notre territoire. La Communauté de communes du Pays de Redon rassemble 53 000 habitants. Elle compte depuis cette année quatre nouvelles communes de Loire-Atlantique: Guémené-Penfao, Conquereuil, Massérac, Plessé et Pierric. Il y avait déjà les communes d'Avessac, de Saint-Nicolas-de-Redon et de Fégréac. Il est clair que ces communes se considèrent de fait 100 % bretonnes. La solidarité est pleine et entière avec Redon.

Il y a aussi d'autres outils locaux d'intégration, comme le SCOT (schéma de cohérence territoriale), l'axe routier Redon/Saint-Nazaire qui sera amélioré dans les 6 ans à venir. C'est de la politique des petits pas, très utile. Mais tout cela reste insuffisant. Pour nous, la réunification est une absolue nécessité. La solution est politique. La population et les élus bretons doivent faire plier le gouvernement français pour obtenir la réunification.

PB : Merci !


Vos commentaires :
Lundi 6 mai 2024
J'ai trouvé l'interview très constructif, notamment en mettant en avant la nécessité vitale de la réunification prioritairement à une quelconque «dévolution» des pouvoirs... dommage que les verts et l'UDB locaux en soient encore à traîner les pieds!
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