La réédition du Tristan et Iseult de Joseph Bédier

Présentation de livre publié le 12/10/08 9:11 dans Patrimoine par Philippe Argouarch pour ABP
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Les Éditions Yoran Embanner viennent de rééditer Tristan et Yseult dans sa magnifique version de Joseph Bédier avec des illustrations de Xavier de Langlais. Bédier, comme Le Clézio, descend d'une famille bretonne partie s'établir dans une des îles de l'Océan Indien mais revenue en France. Passionné de Bretagne et de ses mythes et écrivain de génie, Bédier, fut élu membre de l'Académie française en 1920 et n'aurait certainement jamais approuvé les prises de positions contre le breton de cette académie – comme l'indique le livre dans sa préface.

Ce texte magnifique est le moule de toutes les éditions modernes. Quant aux textes originaux, on est surpris que l'auteur de la préface ne réalise pas que ces soi-disants compilateurs anglo-normands sont en fait des britto-normands puisqu'au moins 20 % des forces de Guillaume le Conquérant étaient des Bretons. Il est évident que ces Bretons, dont beaucoup ont obtenu des fiefs en Angleterre, ont continué à garder des liens avec la petite Bretagne. Ils ont même fait revenir en Grande-Bretagne, des œuvres en breton – dont L'Histoire de Bretagne composée en breton et emportée en Angleterre par un certain Gautier, devenu archidiacre d'Oxford et qui servira de sources à Geoffroy de Monmouth.

Tous ces textes refont surface une ou deux générations plus tard, mais traduits en franco-normand, qui était la langue internationale de l'époque et la langue surtout de la cour des Plantagenêts. Ni Marie de France, ni Thomas d'Angleterre, ni Geoffroy de Monmouth ne sont les vrais noms des auteurs de ces traductions arrangées, voire complètement affabulées comme pour Historia Regum Britanniae de Geoffroy de Monmouth (écrite en latin), dans laquelle les personnages comme Arthur et même Guenièvre sont des composites de personnages historiques qui ont vraiment existé.

Les textes les plus vieux de Tristan et Iseult sont donc des textes en breton traduits en franco-normand au XIIe siècle, ceux de Béroul et de Thomas. Que ces textes aient été traduits du breton est indiscutable et rarement disputés aujourd'hui, vu le nom des personnages et des lieux et les circonstances historiques rappelées ici.

Un beau livre, solidement cartonné, racontant la plus belle et la plus ancienne histoire d'amour, dont l'essence sort directement de la matière de Bretagne et de l'esprit breton.

Philippe Argouarch


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Mardi 7 mai 2024

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