Au Village “Grandeur Nature” de Nantes, les Pen Duick, les maxi Trimarans...

Communiqué de presse publié le 9/10/08 20:05 dans Cultures par Maryvonne Cadiou pour Maryvonne Cadiou

Dans la zone des anciens Ateliers et chantiers de Bretagne, rebaptisés au fronton Ateliers chantiers de Nantes, sur l'“Île de Nantes” (la partie anciennement nommée Prairie au Duc), en cours d'aménagement après une longue période de friche industrielle, se tenait la semaine maritime nantaise autour de l'événement principal, le baptême du dernier né de la flotte de la “Banque de la Voile”. (voir notre article)

Le temps a été dans l'ensemble propice aux sorties en famille ou en groupe tout au long de cette semaine de la voile à Nantes qui proposait la découverte du monde maritime.


Promenade au village le lundi après-midi

Ce ne sont que flots de visiteurs, des jeunes de tous les âges déferlent par groupes, s'exclament, courent à droite à gauche, il y a tant à voir, et mieux, ce n'est pas l'école ici ! !

Plus de 100 000 personnes au lundi midi, depuis le mercredi précédent que le village est ouvert. Les comptages sont faits par le personnel de sécurité posté aux différentes entrées.

Plus de 5 500 élèves sont venus dans le pavillon Banque Populaire pour y retirer posters et documents pédagogiques. On peut évaluer au double la fréquentation totale du site par les jeunes en 7 jours, car tous ne se font pas connaître au stand. C'est aussi un lieu de loisir et découverte pour des groupes de jeunes handicapés moteurs.

À l'une des entrées, celle qui jouxte l'immense parking du sud, une curieuse bienvenue avec un bateau “Pays de la Loire” sur un chariot. Il arbore le “drapeau” des Pays de Loire, celui de la Ville de Pornic et celui du Pays de Retz. Un des bateaux offerts très médiatiquement par la région aux écoles de voile de Loire-Atlantique en juin dernier à Saint-Nazaire, à l'occasion du départ de la course SNSM. (voir notre article).

La sonorisation se partage entre musique à niveau sonore très acceptable et des chapitres sur la mer, la navigation, l'histoire du trimaran géant, dits au micro à la discrétion d'un connaisseur. Ceux qui n'ont pas nécessairement suivi les informations apprennent qu'il a nécessité 270.000 heures de travail depuis 2006, qu'il peut atteindre les 40 nœuds et donc parcourir 1500 km en 24 heures...

Sur le terre-plein le grand pavois est hissé. La “baleine” grandeur nature attire du monde. Les berges de Loire aménagées avec des caillebotis métalliques permettent une déambulation facile au bord de l'eau et au plus près des Pen Duick amarrés à des corps-morts dans le lit de la Loire. Il y en a 5 et le dernier porte le numéro 6...

Le quatrième Pen Duick ?

Les visiteurs se concertent, revoient leurs souvenirs flous... Cela se confirmera à l'accueil des expositions : « Oui c'est bien le “Manureva” d'Alain Colas, le “Pen Duick IV”, qui n'est pas ici... ». Pensée émue pour cet autre grand navigateur disparu tragiquement sur un bateau dont le nom avait été changé... Il paraît que ça porte malheur...

Le Pen Duick, le premier, n'a pas de numéro, évidemment. C'est LE Pen Duick, ce bateau qui pourrissait dans une vasière quand Éric Tabarly et son père ont décidé de le sauver dans les années 60.... Un bateau de 1898, encore sur l'eau et en excellent état, silhouette racée, fine, 13 mètres de long... « C'est le plus beau ! Il a vraiment une allure de bateau... Tandis que maintenant... », s'exclame Monique, environ 50 ans, une “fan” de voile, qui a « fait les Glénan ! » (l'école de voile) et a « même navigué sur le Belem ! ». Une maquette dans l'espace Expositions donnera la mesure de la voilure du Pen Duick. Émotion aussi quand on se souvient que c'est de son bord qu'Éric Tabarly est tombé, en mer d'Irlande, faisant route pour Belfast, ... il y a eu dix ans en juillet dernier... Ce bateau aussi avait changé de nom, et plusieurs fois... La superstition des marins serait-elle réalité ?

Dans ce “port de plaisance” nantais, entre le quai de la Fosse, le pont Anne de Bretagne et la zone des anciens chantiers, les Pen Duick voisinent avec les énormes trimarans amarrés au ponton ; malheureusement les embarcadères métalliques noirs sont au premier plan pour la vue sur ces géants des mers... En face, le Maillé Brézé, l'escorteur d'escadre arrivé en juin 1988 à Nantes, maintenant musée naval, géré par l'association Nantes Marine Tradition. Juste en aval, le Navibus, une extension fluviale des transports en commun nantais terrestres – qui permet de traverser la Loire jusqu'à Trentemoult, avec un ticket d'autobus – à couple avec le Henri de Porzmoguer qui propose des croisières sur la Loire. Quatre sortes de marines, maritime ou fluviale, civile ou militaire, d'aujourd'hui ou de temps plus anciens... se côtoient ainsi sur les rives de la Loire.

Dans ce large bras de la Loire, d'où les immeubles sont éloignés, donc dans un grand espace visuel bien dégagé, certains s'étonnaient de ne pas trouver si géant que cela ce maxi trimaran.

Les plus curieux poursuivaient leur promenade jusqu'au delà du pont Anne de Bretagne, le premier vrai obstacle aux bateaux pour qu'ils aillent plus loin en centre ville, et découvraient les vestiges du pont transbordeur, démoli en 1958, après bien des polémiques, pour se plier au développement de la voiture (1). Quatre piles, dont une sous le pont, les deux autres sur la rive nord, sont les seuls souvenirs. De la solide maçonnerie de granit. Aux environs des piles de la rive sud, pas de panneau explicatif relatif au pont transbordeur. Il est à espérer que la Ville de Nantes va bientôt pallier ce manque. Une association, Les Transbordés, s'est créée à Nantes, dans l'idée d'une reconstruction, un jour, du pont transbordeur, dont beaucoup de Nantais ont la nostalgie. (voir le site)

Prendre un repas ou un rafraîchissement est possible à l'intérieur ou dehors, sous un vol d'albatros. Quatre jeunes Anglais de Manchester, en vacances dans les environs, font une pause boisson. Ils ne savent pas ce qui se passe, étonnés de voir tant de monde ici un jour de semaine. « Excuse me ma'am, what's happened here ? » (Excusez-moi, madame, que s'est-il passé ici ?). Explications, un peu d'histoire des courses au large, l'éveil à la voile, Tabarly, les Pen Duick, et “the hugest trimaran ever built, baptised here last Saturday night” (le plus immense trimaran jamais construit, baptisé ici samedi soir)... « We'll be back tomorrow to see more of it, thanks ! » (Nous reviendrons demain pour en voir plus, merci !).


Expositions sous chapiteau tout temps

— Celle du Maxi Banque Populaire V :
La construction, la mise à l'eau aux Chantiers Keroman Technologies de Lorient, les essais et réglages du Maxi Trimaran, sont racontés en images et dans une video de 10 minutes.

— Celle des Pen Duick :
Des photos de la Collection Tabarly. Celle de Beken, le mythique photographe des voiliers de courses ; celle du Pen Duick IV – le seul trimaran de la flotte – par Olivier de Kersauzon. Un bateau par panneau. Un texte bref de Éric Tabarly sur l'histoire de chacun de ses bateaux, comme s'il nous parlait...


Des stands particuliers

— L'Association Éric Tabarly (voir le site) .

— La Société Nationale des Sauveteurs en Mer, la SNSM. (voir le site) . Elle a publié un calendrier 2009 – réalisé gracieusement par Planète Thalassa – avec photos de phares de Jean Guichard. (voir le site) du photographe.


Une après-midi n'était véritablement pas suffisante pour explorer toute l'offre temporaire de cette semaine. La zone de voile olympique, en aval des pontons, restait à visiter...


Les autres événements en complément aux environs :

Dans les anciens bureaux des Ateliers et Chantiers Navals de Nantes, une exposition à la Maison des Hommes et des Techniques ;

Le Saint Michel II, la réplique de celui de Jules Verne, en construction dans le hangar 32 ;

Les Machines de l'Île dont le fabuleux éléphant qui a fait bien des heureux sur son dos à travers le site.


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(1) Pont transbordeur : à Rochefort-sur-Mer (Charente Maritime) est le seul qui subsiste en France. La ville de Rochefort est restée lovée dans la boucle de la Charente et ne s'est pas étendue au sud. Le pont transbordeur n'était donc pas un obstacle à son développement lors de l'ère des voitures automobiles. Puis arrivent l'ére écologique et la prise de conscience de l'intérêt de conserver toutes sortes de vestiges à tout prix. C'est ainsi que de justesse, le pont transbordeur de Rochefort a été sauvé.

Maryvonne Cadiou, Naoned/Nantes

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