Le 23 octobre parution du nouveau livre de Gilles Martin-Chauffier, Le Roman de la Bretagne

Présentation de livre publié le 5/10/08 9:38 dans Cultures par Bernard Le Nail pour ABP
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Le jeudi 23 octobre prochain, un nouveau livre de Gilles Martin-Chauffier, "Le Roman de la Bretagne", sortira en librairie dans toute la France. Le samedi 25 et le dimanche 26 octobre, son auteur a prévu d'être présent au Festival du livre en Bretagne, au centre culturel Glenmor, à Carhaix, pour le dédicacer. Ce livre dont des bonnes pages sont parues cet été dans "l'Interceltique", le magazine du Festival interceltique de Lorient, voir (voir notre article), est d'ores et déjà très attendu en Bretagne, et il devrait susciter bien des réactions car Gilles Martin-Chauffier y raconte l'histoire de la Bretagne avec une liberté de ton et une audace qui seront sans doute jugées bien impertinentes et même "politiquement très incorrectes" par beaucoup.

Beaucoup de gens pourront s'étonner de voir un rédacteur en chef de "Paris-Match" s'attaquer à l'histoire de la Bretagne, un domaine sur lequel il y a déjà eu tant de livres à paraître et sur lequel on pourrait penser que tout a été dit ; certains ne manqueront probablement pas de mettre en cause la compétence et la légitimité d'un journaliste "people", qui n'est pas un historien de formation, sur un tel sujet. La solidité de sa documentation et la qualité de son style devraient cependant vite désarmer les critiques.

Fondé en 1949 par l'industriel Jean Prouvost et aujourd'hui propriété du groupe Lagardère, "Paris-Match" est le premier magazine français d'actualité (et le cinquième mondial !) avec une diffusion de 660 000 exemplaires et 4 600 000 lecteurs chaque semaine. On connaît son slogan : "le poids des mots, le choc des images" et ses couvertures accrocheuses. On sait aussi que le directeur général de sa rédaction, Olivier Royant, est breton et qu'il compte aussi parmi ses grandes plumes une romancière bretonne connue : Irène Frain.

Gilles Martin-Chauffier, qui est l'un de ses cinq rédacteurs en chef, est breton lui aussi. Certes, il est né à Neuilly-sur-Seine, le 12 août 1954, et il a fait ses études primaires et secondaires au collège Saint-Jean de Passy, de 1954 à 1972, mais il a passé de très nombreuses vacances à l'Île-aux-Moines et il appartient à une vieille famille vannetaise. Le journalisme est aussi une tradition familiale bien établie : son père, Jean Martin-Chauffier (1922-1987) fut rédacteur en chef du "Figaro", et les parents de celui-ci, c'est à dire les grands parents de Gilles, furent des héros de la Résistance : Louis Martin-Chauffier (1894-1980) qui était né à Vannes et qui débuta dans le journalisme à Paris en 1922, fut le rédacteur en chef du journal clandestin "Libération"et l'un des fondateurs du Comité national des écrivains et du Comité national des journalistes, dans la Résistance; son épouse, Simone (1902-1975), native de Brest, joua dès 1940 un rôle actif dans le premier réseau de résistance, celui du Musée de l'Homme. Louis Martin-Chauffier fut arrêté par la Gestapo en 1944 et déporté au camp de Neuengamme, puis à celui de Bergen-Balsen.

Après avoir obtenu son diplôme de l'École supérieure de commerce de Paris, Gilles Martin-Chauffier était parti à New-York pour préparer un MBA dans la prestigieuse université Columbia quand il apprit que Simone Gallimard avait retenu le manuscrit d'un premier roman, "Pourpre", qu'il avait envoyé à la célèbre maison d'édition et qui devait paraître en 1980 au Mercure de France sous le pseudonyme de Gilles Hemsay. Revenu en France, Gilles entra cette même année comme journaliste à "Paris-Match", y gravissant peu à peu les échelons de la rédaction et étant maintenant, depuis des années, responsable du Cahier Culture. Il a pu poursuivre parallèlement une œuvre de romancier : "Les canards du Golden Gate" (1982), "Sans effort apparent" (1987), "L'Ouest" (1991), "Une affaire embarrassante" (1995), "Les Corrompus" (1998), "Belle-Amie" (2002), "Silence, on ment" (2003) et "Une vraie Parisienne" (2007). Ces romans ont atteint des chiffres de vente que beaucoup d'autres écrivains doivent lui envier : entre 20 000 et 50 000 exemplaires selon les titres.

Il y a beaucoup de points communs entre tous ces romans, c'est leur férocité, leur drôlerie et une bonne dose de cynisme. Si "L'Ouest" se déroule essentiellement à Vannes et aux environs - à l'époque où Raymond Marcellin y dominait absolument toute la vie politique - la plupart des autres romans ont pour cadre la capitale française et constituent en quelque sorte une radiographie des divers milieux qui constituent le "tout Paris"; journalistes, hommes politiques, hauts fonctionnaires, écrivains et autres membres de ce microcosme, qu'il dépeint avec un réalisme saisissant en même temps qu'avec une incroyable et savoureuse méchanceté. Bien sûr, tous les noms de ses personnages sont des noms de fantaisie, mais il est probable que beaucoup correspondent à des personnes existantes et on imagine les petits jeux de devinettes qui doivent accompagner dans les soirées parisiennes la parution de chacun des romans de ce Breton facétieux. Son érudition est époustouflante, son style est léger comme une coupe de champagne et, dans le fond, son esprit est terriblement parisien. Il est clair que Gilles Martin-Chauffier se délecte et se défoule en disant tout le mal qu'il pense des milieux qu'il côtoie depuis plus de 20 en tant que journaliste. On pourrait voir dans sa démarche de romancier un projet intellectuel de réelle ampleur, celui de dresser par touches successives un tableau de la société de son temps, à la manière d'un Honoré de Balzac composant sa Comédie humaine, il y a plus d'un siècle et demi...

Gilles Martin-Chauffier a déjà tâté au genre historique en écrivant un livre qui, en dépit de son titre, n'a rien de romanesque, si ce n'est le style : "Le Roman de Constantinople" (Éditions du Rocher, 2004) et ce livre lui a d'ailleurs valu en 2005 le Prix Renaudot Essai. C'est le succès de ce livre qui a poussé tout naturellement l'éditeur à lui demander d'écrire "Le Roman de la Bretagne".

Ce livre s'inscrit dans une collection intitulée 'le roman des noms et lieux magiques' que dirige aux Éditions du Rocher Vladimir Fédorovski, l'un des auteurs russes les plus lus en France. Né à Moscou en 1950, cet ancien diplomate russe, interprète de Brejnev, puis conseiller et ami de Boris Eltsine, est docteur en histoire et parle couramment le français, l'anglais et l'arabe. Arrivé en France en 1992, il est devenu professeur à HEC et il a obtenu la citoyenneté française en 1995, avec l'appui personnel de Jacques Chirac. Auteur prolifique, il a fait paraître en décembre 2002 un livre intitulé "Le roman de Saint-Petersbourg" qui a connu un très grand succès de librairie en France (dans les premières pages de ce livre, il évoquait sans donner son nom un jeune marin breton qui avait sauvé la vie du tsar de Russie Pierre le Grand en janvier 1698 ; on sait maintenant qu'il s'agissait du Guérandais, François Guillemot, ainsi que l'a révélé le livre "Mémoires secrets d'un Breton à la cour de Russie", paru en 2006 aux Portes du large).

Impressionné par ce beau succès, l'éditeur lui a demandé de poursuivre et, dès 2003, Vladimir Fédorovski a fait paraître "Le Roman du Kremlin", puis, en 2004, "Le Roman de la Russie insolite". Ce concept a dès lors été décliné avec d'autres auteurs, dont Gilles Martin-Chauffier pour Constantinople. Parmi les villes du monde dont l'histoire est ainsi racontée comme un roman, il y a Berlin, Bruxelles, Budapest, Madrid, Odessa, Pékin, Rio de Janeiro, Séville, Tolède et Vienne. Il y a aussi des régions et des pays : la Bourgogne, la Pologne, Israël, la Saxe, le Québec, etc. "Le Roman de la Bretagne" ne devrait pas faire trop mauvaise figure en si brillante compagnie...


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Lundi 6 mai 2024

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