Disparition d'Éric Louis Mélénec

Disparition publié le 28/09/08 10:44 dans Economie par Bernard Le Nail pour Bernard Le Nail

Avec le décès brutal d'Éric Louis Mélénec, survenu le mardi 23 septembre à Paris - ses obsèques ont eu lieu samedi à Camaret - c'est un des meilleurs experts européens du cabotage maritime qui vient de disparaître. Il venait d'avoir 50 ans.

Fils d'un ingénieur breton travaillant dans le domaine pétrolier et ayant été en poste dans divers pays du monde, notamment en Afrique, Éric Louis Ménénec s'était de bonne heure passionné pour les questions maritimes et avait travaillé durant un certain temps dans les années 1980 comme conseiller technique auprès d'organismes publics sur le thème de l'Arc Atlantique. Il avait acquis au fil des années une connaissance approfondie des milieux portuaires et maritimes en Europe et en Afrique de l'Ouest, et s'était fait depuis plus d'une vingtaine d'années l'avocat infatigable de la cause du cabotage, se heurtant pendant longtemps à l'indifférence ou même à l'hostilité de membres des administrations et de responsables économiques, pour lesquels le cabotage, au moins en France, était une activité à jamais révolue.

La hausse inéluctable des prix du pétrole, le réchauffement climatique et la prise de conscience grandissante des enjeux liés à l'environnement ont amené ces dernières années à prendre plus au sérieux cette activité, d'autant plus que les élargissements successifs de l'Union Européenne à un certain nombre de pays disposant de ports maritimes, dont la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie, la Slovénie, Chypre et Malte, renforçaient l'intérêt pour ce mode transport au niveau européen. Il faut rappeler que le cabotage est toujours très actif en Europe du Nord, en particulier au Danemark et en Allemagne, qu'un caboteur moderne peut transporter l'équivalent de la cargaison, d'une dizaine de poids lourds et que l'économie de carburant réalisée sur des parcours de 3 000 à 4 000 km d'un bout à l'autre de l'Union Européenne est considérable quand on opte pour la voie maritime, sans même prendre en compte l'entretien de réseaux routiers, les risques d'accidents et les atteintes à l'environnement (bruit, pollution de l'air, etc.). Les principaux obstacles à l'essor du cabotage européen sont d'ordre administratif, fiscal et ... psychologique. Éric Louis Mélénec pouvait avoir le sentiment de ne plus prêcher dans le désert.

Délégué au Service Commun d'Armement Desservant l'Ouest Africain (SCADOA), il avait créé par la suite l'Association pour la promotion du pavillon européen, avait été secrétaire général de l'Association pour le développement des échanges de stagiaires professionnels en Europe (ADESPE). En 1994, l'Agence de Coopération pour l'Europe de la Mer/The European Cooperation Maritime Agency) avait vu le jour à Brest et Éric Louis Mélénec en était devenu le directeur. Cette agence avait ensuite émigré à Plœmeur dans une pépinière d'entreprises de Lorient Technopole.

Éric Louis Mélenec qui était devenu aussi un bon spécialiste des problèmes de sécurité maritime, intervenait dans de nombreux séminaires, colloques et congrès portant sur les questions de transport maritime, où ses contributions étaient toujours appréciées. Il avait ainsi acquis une réelle notoriété dans les milieux maritimes en France, mais aussi en Espagne, en Allemagne, aux Pays-Bas et dans d'autres régions d'Europe.

Très attaché à sa commune de Camaret où il s'était plusieurs fois présenté à des élections municipales, il était aussi un ardent fédéraliste, avait milité au POBL et à l'OBE, où il avait plaidé en particulier pour l'organisation d'un corps européen de garde-côtes.

Sa disparition est une grave perte pour la cause du développement maritime de la Bretagne


Vos commentaires :
PRIGENT Michel
Vendredi 15 novembre 2024
Né à Crozon, à 3 kms de Camaret, où je me rends assez régulièrement, j'ai du le croiser sans avoir l'honneur de le connaître. C'est un spécialiste du monde maritime qui disparait et en quelque sorte un précurseur du «recabotage» breton qui fut si prospère il y a 1 siècle, comme le décrit le Capitaine Lacroix (de Nantes, il me semble) dans son livre «Ecraseurs de crabes». Quand on pense que la France ne dispose que de 250 navires de commerce sous pavillons français pour 5 300 kms de cotes (l'Allemagne 500 pour 950 kms), on évalue tout le chemin qui reste à parcourir pour que la France (28è marine marchande au monde) retrouve une place équivalente à son espace maritime mondial, c'est à dire la 2è. Alors que 90% des échanges commerciaux, dont une grande partie passe «sous le nez» de la Bretagne, se fait par voie maritime, il est consternant d'observer le peu d'intérèt du monde économique et politique français pour ce mode de transport que le breton Bolloré parvient difficilement à préserver de la disparition dans notre pays.

Anti-spam : Combien font 1 multiplié par 7 ?