Lors de son passage à Lannion à l'occasion de la rentrée scolaire, en parlant de l'enseignement bilingue français-breton le recteur d'académie Jean-Baptiste Carpentier a déclaré : « Nous nous heurtons à une absence de viviers d'enseignants pour répondre aux attentes ». Des propos aussitôt renforcés par l'inspecteur d'académie des Côtes-d'Armor Yannig Tenne : « Aujourd'hui si on voulait ouvrir une filière bilingue dans le premier degré, on n'aurait personne pour enseigner ». Pour eux « la volonté et les moyens existent » mais le recrutement coince. (O-F du 5 sept 2008 page Lannion)
A la LBDH nous étions sans doute assez naïfs, avec les parents d'élèves et les enseignants, pour croire que le recrutement des enseignants, professeurs des écoles, se faisait par concours et que c'est l'académie, voire le ministère, qui décidait du nombre des postulants admissibles. Que la formation de ces enseignants était faite sous la responsabilité de cette même académie.
De qui se moquent ces deux hauts responsables de l'éducation nationale ? Depuis des années et des années les associations d'enseignants et de parents d'élèves réclament des moyens supplémentaires pour la formation des maîtres en langue bretonne. Pour atténuer la responsabilité de leur ministère de tutelle dans son œuvre de destruction de la langue bretonne ils sont prêts à accuser d'autres de manque de motivation pour la sauver. Un comble !
Quelles excuses le recteur d'académie va-t-il aussi trouver pour nous expliquer comment, à l'école de Lorient-Merville, les vingt candidats de petite section bilingue ont été refusés et replacés dans des groupes monolingues ?
Notre langue, toujours sans statut officiel, reste soumise aux dictats de représentants de l'État dont la charge semble davantage de veiller au grain pour freiner son enseignement. Le fondement du problème relève de l'idéologie de l'État. Une idéologie d'État qui perdure depuis des décennies voir plus, dans laquelle les responsables politiques se complaisent.
«Le système éducatif français est un serpent qui se mort la queue»
Des annonces tonitruantes, des volontés répétées visant une transformation de la politique des langues, des lamentations sur les prétendus enseignants nécessaires, notamment dans les langues minorisées, alors qu'il n'y a jamais eu anticipation, ni réflexion de fond de la part des institutions, et encore moins de débat avec les représentants du monde enseignant ou périscolaire. Le ministère avance dans le brouillard qu'il a créé de longue date, les inspecteurs qui se désolent ont oublié que pour avoir des enseignants bilingues, il faudrait peut-être commencer par avoir des élèves bilingues. Et donc cesser de ralentir ou bloquer les ouvertures de postes. Sans oublier, le point fondamental : recenser dans leur circonscription, les compétences et les potentiels présents, et, surtout les valoriser.
La LBDH affirme clairement que la politique linguistique de la France n'est pas sur la voie du changement, elle risque de se complaire encore longtemps sur son illusion d'un pays monolingue.
Pour la LBDH M. Herjean
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