Depuis hier, de nombreuses salles de cinéma dans les cinq départements bretons et dans le reste de l'hexagone projettent un film du réalisateur nordaméricain Eric Brevig intitulé «Voyage au centre de la terre». Ce film de 92 minutes a été tourné en 3D et des lunettes spéciales distribuées aux spectateurs permettent d'en apprécier les nombreux effets spéciaux, tout à fait extraordinaires.
«Voyage au centre de la terre» est d'abord le titre d'un roman singulier écrit par le plus lu de tous les écrivains bretons : Jules Verne (Nantes, 1868 - Amiens, 1905). On estime à plus de 500 millions le nombre d'êtres humains qui ont lu des romans de Jules Verne depuis 150 ans et ses œuvres continuent d'être rééditées dans de nombreuses langues à travers le monde, le cinéma contribuant à attirer l'attention de nouveaux publics sur ses romans, dont beaucoup ont été portés à l'écran, certains plusieurs fois. C'est le cas de «Voyage au centre de la terre» qui est paru en 1864 et qui a été suscité une première adaptation cinématographique, d'une durée de 132 minutes, par Henry Levin en 1959. Il y en a eu une autre en 1976 par un réalisateur espagnol et également, en 1999, sous la forme d'un feuilleton pour la télévision en trois épisodes. Comme dans ces précédents films, Eric Brevig a pris de grandes libertés par rapport au roman de Jules Verne, mais on y retrouve tout de même les grandes lignes du récit.
Le roman de Jules Verne commence en 1863 dans une petite maison de Hambourg où Axel, jeune homme assez timoré, travaille avec son oncle, l'irascible professeur Otto Lidenbrock, géologue et minéralogiste, dont il aime la pupille, la charmante Graüben. Leur vie tranquille est soudain bouleversée dans le manuscrit dune vieille saga islandaise, Lidenbrock trouve un cryptogramme : Arne Saknussemm, célèbre savant islandais du XVIe siècle, y révèle que par la cheminée du cratère du Sneffels, volcan éteint d'Islande, il a pu pénétrer jusqu'au centre de la Terre ! Lidenbrock s'enflamme aussitôt et décide de partir en expédition avec Axel pour l'Islande où, accompagnés du guide Hans, aussi flegmatique que son maître est bouillant, ils vont s'engouffrer dans les mystérieuses profondeurs du volcan... En décrivant les prodigieuses aventures qui s'ensuivront, Jules Verne a peut-être atteint le sommet de son talent. La vigueur du récit, la parfaite maîtrise d'un art accordé à la puissance de l'imagination placent cet ouvrage au tout premier plan dans l'œuvre exceptionnelle du romancier.
Dans le film américain qui vient de sortir, le savant visionnaire n'st plus allemand et a été rebaptisé Trevor Anderson, son neveu s'appelle Sean et leur guide est devenue une charmante jeune femme prénommée Hannah. Au cours d'une expédition en Islande, Trevor, Sean et Hannah se retrouvent piégés dans une caverne. Leur seul espoir d'en ressortir est de s'enfoncer dans les entrailles de la terre en espérant trouver une autre issue.Dans leur périple vers les profondeurs, ils rencontreront des mondes inexplorés, des merveilles extraordinaires, des dangers mortels et des créatures fabuleuses parfois surgies du passé... Une seule chose est certaine : à des dizaines de kilomètres sous la surface de la Terre, tout peut arriver. S'ils veulent revoir un jour la lumière, Trevor et les siens doivent en plus faire vite, car un volcan menace...
Ce qu'il y a sans doute de plus remarquable dans la réalisation de ce nouveau film, c'est le fait qu'il a été entièrement tourné au Québec, à Montréal, et que c'est la société Hybride, spécialiste des effets visuels qui est à l'origine des 234 effets spéciaux de ce long métrage, réalisé avec un modeste budget de 70 millions de dollars (environ 50 millions d'euros). Ce film confirme la position de leader de la société québécoise Hybride (fondée en 1991) dans l'industrie du 3D.
Grand pionnier de la science-fiction et passionné toute sa vie par toutes les découvertes scientifiques et innovations techniques de son temps. Jules Verne aurait sûrement apprécié de voir un de ces romans servir de prétexte à une telle prouesse technique et il aurait aussi été particulièrement heureux de savoir qu'elle était l'œuvre de spécialistes québécois, lui qui consacra un de ses romans, particulièrement émouvant, «Famille-Sans-Nom» (1888), à la résistance héroïque des Canadiens français opprimés par les Anglais.
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