Nous sommes dix ans après l'affaire Festina et un an après le Grenelle de l'environnement.
Bien que cette 95e édition du Tour de France parte de Brest, à Saint-Brieuc nous avons vu des véhicules publicitaires défiler dans les rues, passant et repassant sur les mêmes voies, polluant à qui mieux mieux.
Combien de véhicules motorisés pour un coureur, entre la caravane, les suiveurs et la presse ?
A l'aune du Grenelle de l'environnement, le Tour n'est pas propre. A l'aune des produits dopants, il ne l'est pas davantage.
La Bretagne, terre de cyclisme, ne peut rester indifférente au procès qui est fait à ce sport. Mieux que toute autre région de l'hexagone, elle sait que le dopage n'est pas nouveau et qu'il a toujours été une pratique de ce sport singulièrement difficile.
Coppi n'hésitait pas à en parler et Louison Bobet avait un silence complice.
A cette époque préhistorique du dopage, on parlait de « saler la soupe ».
Un ancien coureur cycliste, devenu acteur de cinéma, n'hésitait pas à évoquer sa participation aux 6 jours de Chicago en précisant qu'il avait tellement insisté auprès de son entraîneur de saler sa soupe, qu'au démarrage il en avait cassé sa chaîne…
Selon une étude « confidentielle » menée par l'agence de marketing sportif Sportlab, il ressort que 85 % des personnes interrogées ne croient plus en la crédibilité sportive de l'épreuve.
Cette étude mentionnée par Pierre Ballester, ex-Grand Reporter à l'Equipe et auteur aux éditions du Rocher de « Tempêtes sur le Tour » précise que pour 22 % des Français interrogés, l'épreuve est considérée comme une promenade touristique. Mais elle souligne aussi que pour 16% des téléspectateurs, le dopage est précisément ce qui les attire, en attente d'un scandale guetté, en recherche de sensationnel, en pur voyeurisme.
Cette étude apporte aussi un éclairage symptomatique. Festina n'a jamais vendu autant de montres que depuis 1988. Les affaires, loin d'effrayer les sponsors, les attirent.
Et c'est là qu'une interrogation doit surgir.
La Région et les collectivités locales qui investissent dans un événement qui n'est plus sportif peuvent-elles légitimer ce concours d'argent public ?
Ce surplus de CO2 produit par une caravane inconsciente est-il nécessaire ?
Cette complicité dans la promotion d'une pratique douteuse, dans un pays véritablement démocratique, pourrait laisser penser que nos dirigeants se retrouvent, un jour, à rendre des comptes auprès des tribunaux.
Le « responsable mais pas coupable » ne sera plus recevable.
Et si on aidait nos entrepreneurs, nos entreprises et les travailleurs bretons qui s'usent à faire vivre ce pays ?
Et, si, tout simplement, on évitait de gaspiller l'argent public ?
Car la première des aides que les forces actives de ce pays peuvent recevoir est déjà d'être moins taxées et pénalisées.
Le 4 juillet 2008
Jean-Yves QUIGUER
Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne
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