Notre Dame-des-Landes : un cierge pour un avion

Communiqué de presse publié le 27/06/08 12:06 dans Politique par Jean Yves Quiguer pour Jean Yves Quiguer

Lors de sa dernière assemblée générale à Istanbul début juin, l'Association internationale du transport aérien (IATA), qui représente plus de 240 compagnies aériennes et 94 % du trafic international régulier, prévoyait encore en avril des profits de 4,5 milliards de dollars pour cette année. Bien que ces profits aient été revus à la baisse, le secteur ayant réalisé 5,6 milliards de dollars de bénéfices en 2007, l'IATA table désormais sur une perte de 2,3 milliards de dollars en 2008 pour l'ensemble du secteur.

Le pronostic se fonde sur un baril à 106,5 dollars en moyenne. «Si le prix du pétrole reste à 135 dollars pour le reste de l'année, les pertes seront encore pire à 6,1 milliards de dollars», a déclaré Giovanni Bisignani, directeur général de l'IATA, dans son discours inaugural.

Dans le même temps, le directeur de Gazprom prévoit un baril à 250 dollars dès 2009…..

Six transporteurs low-cost américains viennent de faire faillite en l'espace de 3 mois et ce après les hausses successives du prix du pétrole et de ses dérivés (Kérosène), Maxjet, Aloha airlines, ATA, Skybus, Champion air, Frontier,

De nombreuses compagnies aériennes vont faire faillite sous le coup de l'envolée des prix du pétrole, avance Michael O'Leary, chef Europe de la low cost Ryanair. «Le pétrole coûte 120 dollars le baril. Si cela continue comme ça les 12 prochains mois, certains concurrents vont faire faillite», a confié le dirigeant au Frankfurter Allgemeine Zeitung le dimanche 11 mai.

La stratégie de développement du concept Low cost qui pouvait être résumée par la formule : low cost (coûts bas), low fares (tarifs bas), no frills (pas de services) va prochainement être complétée par un ajout : no plane (pas d'avion). On peut certes penser qu'un carburant propre issu des algues sera utilisable à l'horizon 2080 ou 3020.

On peut aussi concéder aux promoteurs politiques de l'aéroport du Grand Ouest une qualité de visionnaire. Ce sera bien la première fois qu'il sera investi dans une structure qui ne sera opérationnelle qu'un siècle après sa mise en service.

L'aéroport de Notre Dame-des-Landes est présenté comme l'aéroport du Grand-Ouest, à vocation internationale. Il devrait voir décoller ses premiers avions à l'horizon 2015, avec » une perspective de croissance jusqu'à 9 millions de passagers à l'horizon 2050 ».

La dernière assemblée générale de l'IATA vient de démontrer que la perspective de croissance du transport aérien peut, en moins de deux mois, se transformer en pronostic de pertes. Evidemment, l'entêtement des décideurs politiques pour lesquels il s'agit bien d'une opération de prestige, un éléphant blanc, ne saurait être affecté par ce retournement.

La croissance du trafic de l'actuel aéroport de Nantes repose essentiellement sur l'exploitation de lignes low cost et de vols vacances.

Ce sont précisément deux segments de clientèle qui vont drastiquement régresser dans les mois à venir : les Low costs, car la hausse du kérosène va leur être fatale, les passagers vacances en raison de la baisse radicale et structurelle du pouvoir d'achat (actifs et retraités).

L'affaiblissement des économies occidentales ne peut être durablement ignoré.

Quant à la pollution il faut sans doute aussi croire que l'aéroport du Grand Ouest sera « propre ».

Il manque une disposition légale qui nous permettrait, en cas de dysfonctionnement majeur et lourdes pertes, de procéder à une retenue sur salaire sur les revenus des hommes politiques à l'origine du désordre financier et, aussi, une saisie de leurs biens propres.

C'est ce qu'on appelle le principe de responsabilité.

A défaut, on pourra créer un grand pardon annuel à l'occasion duquel on fera brûler des cierges dans l'espoir du retour des avions, les yeux fixés sur le ciel….

Le 27 juin 2008

Jean-Yves QUIGUER

Président du Mouvement Fédéraliste de Bretagne


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