Éditorial War Raok n° 25

La volonté d'accomplissement du destin d'un peuple.

Pour la première fois, des hommes et des femmes ayant réellement la volonté de s'opposer au système colonial français, ont eu le courage et la force de conviction nécessaires de se présenter devant le peuple breton lors des dernières élections cantonales. Sous la bannière d'Adsav, et pour cette toute première bataille électorale, les 6 candidats du parti du peuple breton, se présentant seuls contre tous et sans aucune compromission avec des partis français, ont obtenu plus de 3000 voix avec des scores qui ont frôlé ou dépassé les 5 %, jusqu'à atteindre dans certaines communes un vote breton significatif de 12 et 13 %. Il n'est donc pas exagéré de parler d'un réel et incontestable succès. Le travail politique mené depuis 8 ans par le parti du peuple breton peut expliquer ces bons résultats. Parti politique souvent l'objet de calomnies, de censure voire de diabolisation par les chiens de garde de l'idéologie dominante et autres valets du pouvoir colonial, Adsav a su être politique c'est-à-dire relever les défis du présent et de l'avenir, agir en connaissance de cause, être cohérent et donc prendre en compte le réel sans fard. L'action politique, cette action bretonne, doit s'inscrire dans une vision d'ensemble en prenant en compte les facteurs naturels et conjoncturels et surtout ne pas se borner à gérer bêtement les crises au jour le jour. Cette nouvelle force bretonne, représentée aujourd'hui par Adsav, doit être en mesure d'établir un diagnostic correct de la situation actuelle de la Bretagne, d'en tirer les conséquences qui s'imposent et de définir ainsi des orientations. Le peuple breton ne peut accomplir son devenir qu'en retrouvant et transcendant ses racines. Oublier cette règle fondamentale aboutirait à rompre avec le réel, à entrer dans de dangereuses utopies et donc à s'acheminer vers une sanglante logique d'échec. Un peuple, une terre, une culture : sans ces trois éléments il ne peut y avoir politique, et donc il ne peut y avoir accomplissement d'une destinée commune, il ne peut y avoir de devenir. Le devenir de notre peuple ne s'accomplira que si nous sommes capables d'assumer notre héritage, notre histoire, notre culture, de les prendre en compte dans leur globalité en renouant avec notre plus ancienne mémoire, avec notre propre manière « d'être Breton ». Cette conception du devenir nous permettra d'inscrire dans le présent les germes de notre avenir. Comment, dans l'Europe qui se met en place et qui vit mal sa mue, redonner sa juste place à une Bretagne majeure ? Comment projeter dans ce cadre européen les atouts considérables, humains, industriels, technologiques, d'une Bretagne souveraine ? Comment tracer des perspectives et redonner espoir aux décideurs économiques et aux jeunes pour les inciter à exprimer leurs talents en Bretagne ? Les quelques 3000 électeurs qui ont fait confiance aux candidats d'Adsav l'ont fait en connaissance de cause. Ils ont perçu le message d'un parti politique breton différent, sérieux, avec un véritable projet politique, bien éloigné des éternelles, vaines protestations ou autres négations du réel de l'Emsav moribond. Le parti du peuple breton a su prendre en compte le fait que les paramètres traditionnels s'effacent, que les repères s'évanouissent ou encore que les certitudes volent en éclats. Il a su interpeller les Bretons sur leur identité, leurs doutes, sur leur avenir et leur devenir… Peuple aux forces vives restées intactes, aux capacités illimitées, il lui faut pour cela reprendre confiance et retrouver l'audace. Seul un parti nationaliste comme Adsav est à même de redonner cette audace et cette fierté au peuple breton. Cette force bretonne que ce parti incarne doit de plus en plus s'imposer comme un vecteur d'action, un outil de résistance et de reconquête nationale unique en son genre. C'est la seule méthode réellement efficace et opérationnelle pour recouvrer notre grandeur passée, réaffirmer notre identité nationale, rétablir notre souveraineté afin d'assumer notre volonté de demeurer ce que nous sommes. Comme l'a écrit le nouveau président d'Adsav, Frederig ar Bouder, après ces premiers résultats électoraux : « n'ayons pas peur des mots, il s'agit d'un acte fondateur. Il faudra désormais compter en Bretagne avec cette présence indomptable et déterminée, cette force de proposition et de rénovation, au lieu des habituels chevaux couchés. » C'est avec vigueur, sans compromis ni concessions, que le parti du peuple breton va aborder les prochaines échéances électorales. La Bretagne a, enfin, un véritable parti breton.

Padrig MONTAUZIER.