Les médias et la culture subventionnés, bouffés par le “politiquement correct”

Éditorial publié le 20/05/08 20:56 dans Tribune libre par Philippe Argouarch pour P. Argouarch
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Grâce aux nouvelles technologies de l'internet, plusieurs initiatives ont vu le jour en Bretagne dans le domaine des médias et du multimédia. Au niveau régional, il faut saluer Brezhoweb, la télévision internet en breton, et l'Agence Bretagne Presse, créée en 2003, qui a une fréquentation de 200 000 visites par mois.

Si Brezhoweb est financé par la région, l'ABP ne reçoit aucune subvention et est un média totalement indépendant qui n'a pas peur de publier les communiqués de presse des nationalistes bretons ou de dénoncer la corruption ou les attaques de l'environnement par des grands groupes comme Lafarge et GDE. ABP parle aussi de certains rapports mentionnés nulle part ailleurs, comme le rapport de l'ONU "Mc Dougall" sur les minorités en France, occulté par la totalité des médias français. Voir (voir notre article) et (voir notre article).

À l'heure où l'on parle de la suppression des départements, plusieurs initiatives internet ont vu aussi le jour au niveau départemental. Il s'agit d'An Tour Tan dans le Finistère, connu surtout pour son cyber-fest noz tous les ans en novembre, et de Armor TV dans les Côtes d'Armor. Il est à noter que ces deux structures sont financées par les départements en question. La part du département pour An Tour Tan serait toutefois maintenant secondaire par rapport aux investissements privés. Les lignes éditoriales et les faits montrent que ces structures ne sont donc pas libres de diffuser ou d'inviter ceux qui pourraient déranger. Il y a des ficelles. On vous finance, oui, mais pas de politique, ou alors tout ce qu'il y a de plus politiquement correct.

De son côté, Armor TV, cette semaine, organise une émission spéciale sur les nouveaux médias sans inviter l'Agence Bretagne Presse ! Tout au contraire, ils sont allés chercher les journaux traditionnels Ouest France et Le Télégramme et les nouveaux médias internet parisiens comme Rue89 et Médiaparts. ABP ? On ne connaît pas dans les Côtes d'Armor apparemment.

Pas la peine de rappeler que les défenseurs des langues minoritaires ou des minorités nationales ne sont jamais invités sur les plateaux de télévision nationales. Il y a eu une brève exception sur la chaîne parlementaire il y a peu car la chaîne, obligée de parler des débats en cours sur les langues régionales, avait invité l'éditeur breton Jean Picollec et fit un segment d'une minute sur Diwan-Paris dans lequel Claude Nadeau a pu placer une phrase avec heureusement la densité et le charme qu'on lui connaît. Mais que des médias bretons comme Armor-TV ignorent systématiquement des initiatives bretonnes comme l'Agence Bretagne Presse est impardonnable. Il est certain que si une Agence Île-de-France Presse existait, elle aurait été invitée sur le plateau d'Armor TV car c'est vers là-bas que regarde la majorité des Bretons, y compris Armor-TV, tant bien même que toute la technologie Internet nous vient des USA. Le journal en ligne américain Slate a été lancé en 1996, 10 ans avant Rue89 et 12 ans avant Médiaparts.

La vérité est que ce qui se fait sur internet à Paris n'est qu'un pâle reflet de ce qui a déjà été fait et testé aux USA il y a 10 ans. La recherche et les risques sont pris ailleurs. Certainement pas en Bretagne, certainement pas en région parisienne.

L'ABP est cependant une innovation dans l'hexagone, le seul site d'actualité régionale en France. Son succès et ses innovations comme le rédacteur en chef virtuel ou le eAMS (email Article Management System), sans parler de son rôle de VOX de la vie associative bretonne avec plus de 1.000 associations accréditées sur le site, auraient certainement mérité une invitation par Armor TV. .

Même chose de la part du Forum des usages coopératifs (de l'internet), qui aura lieu en juillet 2008 à Brest. Contactés plus de 3 mois avant l'événement, les organisateurs ont osé prétendre que le programme était clos — même pour animer un atelier ! L'événement est subventionné par la Région, la Ville de Rennes, Brest, le ministère de la Culture et des tas d'autres. Sur leur site on apprend que la participation du Conseil général du Finistère est en cours de discussion Ben voilà ! On a presque fini le tour des popotes – entendez : "on a encore pompé de tous les côtés possibles et imaginables les poches des contribuables" et, via la taxe locale, celles des mêmes PME que l'on prétend inspirer .

Quant à la prétendue Presse Quotidienne Régionale, ABP ne mériterait-elle pas mieux que 2 mentions en 4 ans et demi dans le journal Ouest France ? — et encore, en page locale, sous le nom "agence bretonne de presse". Sommes-nous des pestiférés ? Des ennemis de l'État ? Ou bien les derniers défenseurs de la "langue des collabos" comme le suggère un certain sénateur de l'Essone ?

Qui débarrassera la France du système des subventions ? De la carotte et du bâton pour citoyens-mineurs qu'est devenue la société française. Pourquoi certains journaux sont-ils subventionnés et d'autres pas ? Pourquoi certains médias en ligne sont-ils subventionnés et d'autres pas ? Tout ceci n'est-il pas illégal en regard des lois européennes sur la concurrence déloyale ? L'Allemagne et le Royaume-Uni ne subventionnent plus la presse, la France si. Et si les caisses de l'État sont vides, comment le ministère de la Culture peut-il continuer de verser 110 millions tous les ans à l'Agence France Presse ? Subventionner le cinéma, le théâtre, le portage des journaux, 5 chaînes de télévision publiques, et les festivals comme Étonnants Voyageurs ? Un gouvernement qui parle de réformer l'État et qui continue de financer l'énorme machine de sa propagande vous ment.

À quand une société moderne et mature de vrais entrepreneurs indépendants et autonomes ? Une société qui puisse produire des Steven Job, des Sergey Brin et des Larry Page ? Ah oui, l'égalité ? Et si on l'appliquait aussi aux entrepreneurs, aux médias, aux sites web ?

À quand une vraie société libérale dans laquelle le gouvernement n'intervient pas et où la justice est là seulement pour protéger les lois, l'environnement et la menace des monopoles ?

À quand un système où ce sont le marché, les consommateurs, les citoyens, le peuple donc, qui déterminent quelles sont les bonnes et les mauvaises idées, les bons et les mauvais produits, les bons et les mauvais services — sans interférence de l'État pour favoriser ses cartels, ses clients et sa politique jacobine ?

Si la France veut encourager les PME et les startups, qu'elle vote un “Small Business Act” ! Au moins, s'il y a intervention et protection, elles seront les mêmes pour tous.

Philippe Argouarch

Document : Le budget 2008 du ministère de la Culture


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Mardi 30 avril 2024

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