1958-2008 : Alger, Rennes et la Préfète

Communiqué de presse publié le 15/05/08 21:22 dans Politique par Jean Yves Quiguer pour Jean Yves Quiguer

Si De Gaulle avait mieux connu la science politique appliquée, il aurait pu engager la France dans le fédéralisme ce qui aurait résolu le problème algérien, et aussi celui des Etats de France privés d'Etat.

Toutes les parties y auraient gagné.

A peine indépendante, l'Algérie est devenue otage de ses propres contradictions et de tyrans qui s'affichaient en libérateurs.

Ignorer la réalité algérienne en la considérant comme trois départements de la France relève d'une pathologie du pouvoir impérial.

La départementalisation n'est pas le fédéralisme. Elle se situe radicalement à l'opposé. Elle est même son plus violent contraire. La régionalisation relève de la même caricature.

Ce qui est avéré pour 1958, reste d'actualité.

Il est vrai, aussi, que le fédéralisme ne s'accommode pas au mental des colons qu'il renvoie à leurs délires de possession.

Entre la colonisation et le partage des savoirs, la coopération, il y a un vide abyssal.

58 c'est aussi l'histoire d'une V° République née de la violence. Le coup d'Etat a bien eu lieu, car il y avait bien une menace, à peine voilée. C'était un pronunciamento déguisé. René Coty, président de la république, n'avait pas d'autre choix que d'en appeler au «plus illustre des Français... Celui qui, aux heures les plus sombres de notre histoire, fut notre chef pour la reconquête de la liberté et qui, ayant réalisé autour de lui l'unanimité nationale, refusa la dictature pour établir la République». Il convient d'être juste. Il fallait sans doute que cette menace existât dans le contexte d'une France centralisée à l'excès.

La France était dans un état tel que le gouvernement de la IV République allait chaque fin de mois à l'ambassade des Etats-Unis quémander un chèque pour pouvoir payer ses fonctionnaires.

Cependant, rien n'interdisait à de Gaulle d'établir une République démocratique et non ce Léviathan autoritaire, monolithique, dictatorial et inquisiteur.

Les conditions d'un scénario identique sont aujourd'hui réunies. La France ne va pas mieux que sous la IV°. La différence repose sur le retrait définitif des américains: ils ne paieront plus. Et L'Europe perd patience.

Le gouvernement ira-t-il demander des chèques au FMI pour assurer les salaires et pensions de ses fonctionnaires ?

La France a vendu Voltaire et Hugo dans le monde entier. Mais le gisement est tari.

Paris n'est plus guère qu'une préfecture de l'Europe, en voie de devenir une sous-préfecture.

On la citera dans les guides touristiques.

Juillet 2008 : on apprend qu'une ancienne préfète de Bretagne donnera prochainement une conférence sur la réforme de l'Etat : vers un Etat compétitif.

Nous taisons volontairement le nom du lieu où cette communication se déroulera, notre propos ne concernant pas l'hôte de la conférence, mais le caractère étrange, pour ne pas dire déplacé du contenu.

Serait-ce que nous allons, enfin, pouvoir avoir un scoop ?

De toutes les démocraties modernes qui ont réformé leur Etat, aucune n'a de préfet. Comment pourrait-il en être autrement quand la seule présence d'un préfet est une violation de la démocratie ?

Citons Charles ROUXEL :

Le système préfectoral est né du césarisme : c'est par excellence une institution antidémocratique. Napoléon s'en rendait d'ailleurs parfaitement compte, car au milieu même de son exposé (1), il précise :

" Aussi la plupart de ces ressorts n'étaient-ils, dans ma pensée, que des installations de dictature, des armes de guerre. Quand le temps fut venu de relâcher les rênes, tous mes filaments se seraient sympathiquement détendus, et nous aurions alors procédé à notre établissement de paix, à nos institutions locales ».

(1) Commentaires de Napoléon à Sainte-Hélène, du 7 novembre 1816, rapportés par Las Cases.Charles Rouxel : la France est-elle, vraiment, une démocratie ? Editions Amalthée.

Rendre l'Etat plus compétitif passe en premier lieu par la suppression pure et simple des corps d'Etat inutiles, antidémocratiques et excessivement coûteux.

Ne siégeons plus à la cour du roi. Il faut appeler un chat, un chat.

Le corps préfectoral, c'est aussi Papon et Bonnet. Autant dire que ce corps se présente lui-même sur le mode de la disqualification.

Quant aux missions économiques des préfets, le résultat se mesure au taux de chômage et au poids de la misère croissante dans ce pays. Plus on prélève pour financer le corps préfectoral, moins il y a d'entreprises qui survivent et plus il y a d'individus sans emploi.

Qui plus est, il est assez cocasse que ce soit un serviteur de l'Etat qui prétende préfigurer une réforme de ce qui l'alimente, dans l'essentiel comme dans le superflu.

Nul ne peut être juge et partie.

Il existe de nombreux cabinets d'audit externes qui se sont déjà exprimés.

On assistera peut être à une sorte d'acte de contrition, un acte cathartique, à l'instar de Saint Martin : le scoop auquel nous sommes peut-être conviés.

Quitter le service de l'Etat pour devenir nonne.

A chacun ses valeurs…

Le 14 mai 2008

J-Y QUIGUER

Président du MOUVEMENT FEDERALISTE DE BRETAGNE

Membre de L'Union des Mouvements Fédéralistes


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