Débat à l'Assemblée Nationale et au Sénat : “un peuple qui perd sa langue perd son âme”

Communiqué de presse publié le 14/05/08 12:19 dans Langues de Bretagne par Mikael Bodlore-Penlaez pour Mikael Bodlore-Penlaez

Le 13 mai dernier, la sénatrice réunionnaise, Gélita Hoarau, terminait son allocution au Sénat par un proverbe breton qui dit «un peuple qui perd sa langue perd son âme». Elle a entièrement raison et les débats ayant eu lieu à l'Assemblée nationale et au Sénat les 7 mai et 13 mai 2008 à l'initiative de Marc Le Fur, député breton et Nicolas Alfonsi, sénateur corse, peuvent être qualifiés d'historiques. Ces deux parlementaires, le premier à droite, l'autre à gauche démontrent qu'aujourd'hui en France la question des langues régionales n'est plus un tabou. Mais le caractère historique demeure dans le fait que la quasi majorité des parlementaires sont unanimes sur la question rappelant que la France, si elle veut se mettre au diapason européen en matière de défense des langues minoritaires, doit ratifier la Charte européenne des langues régionales. Elle doit pour ce faire modifier l'article 2 de la Constitution stipulant que «le français est la langue de la République» en y ajoutant «dans le respect des langues régionales». Ceci permettra une évolution certaine.

Mais est-ce suffisant pour sauver les langues régionales ? Non ! Les députés et les sénateurs ont su justement rappeler que les langues sont des acteurs vivants de la société. Elles doivent être enseignées, diffusées et utilisées. Certes, comme le rappelaient les parlementaires, il s'agit d'un élément de patrimoine commun, mais au contraire des monuments historiques, ce sont surtout des outils de communication entre les Hommes.

Alors qu'attend la France pour faire évoluer sa législation ? Les mentalités changent. Elles évoluent favorablement. Les parlementaires en ont fait la preuve et suivent allégrement le sentiment des populations qu'ils côtoient au quotidien sur le terrain.

La réponse du Gouvernement fut malheureusement décevante. Alors qu'un récent rapport de l'ONU pointe les carences de la France en matière de protection des minorités, dont les minorités linguistiques, la ministre de la Culture et de la Communication, Mme Albanel, a dressé, pour conclure les débats des deux hautes assemblées, un tableau idyllique où la France remplirait déjà les nombreuses obligations qui lui incombent en matière de promotion et de diffusion des langues régionales. Est-il besoin de rappeler qu'au niveau local la signalisation bilingue est généralisée par les collectivités locales sauf sur les routes... nationales ? Que les responsables académiques bloquent l'ouverture de classes bilingues ? Que l'utilisation des langues régionales est loin d'avoir accès aux très nombreux médias nationaux, quoi qu'en dise la ministre.

En conséquence, ces débats tant attendus risquent d'en décevoir plus d'un. Nous aurons droit à une étude (une de plus) pour nous démontrer que tout va bien dans le meilleur des mondes. Ensuite une loi, qui selon les dires de la ministre, réorganisera ce qui est déjà fait en la matière (donc rien de nouveau) et enfin, ni modification de notre Constitution, ni ratification de la Charte qui seraient les premiers pas vers une reconnaissance affirmée et franche de la part de la France de sa pluralité. Cessons les beaux discours, entrons dans le concret...

Les locuteurs d'alsacien, basque, breton, catalan, corse, créole, flamand, kanak, occitan... veulent vivre dans leurs langues, avec leurs langues...


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