L'art dentaire et la recherche historique

Tous les habitants du pays de Quimper connaissent le nom de l'hôpital Gourmelen, mais combien savent qu'Étienne Gourmelen fut un grand pionnier de la chirurgie ? Né en Cornouaille, probablement à Quimper même, vers 1535, Étienne Gourmelen partit faire des études supérieures à Paris et y fut reçu bachelier en 1558, puis docteur en médecine le 5 mars 1561. En 1567, il devint lui-même professeur à la faculté de médecine de Paris et en 1578, il fut nommé professeur de chirurgie au Collège royal. Il mourut à Melun en 1593.

On connaît encore moins un autre Breton, lui aussi originaire de Cornouaille, qui fut, un siècle plus tard, un des fondateurs de l'art dentaire en Europe, bien qu'il ait eu droit à un timbre-poste en France : Pierre Fauchard était né en 1676, peut-être à Rosporden, mais on n'en a pas la certitude. Il débuta sa carrière médicale comme chirurgien de marine et s'intéressa de bonne heure aux maladies de la bouche. Il exerça à Angers, à Nantes et à Tours, avant d'aller en 1719 s'installer à Paris, où il allait demeurer jusqu'à sa mort le 21 mars 1761. En 1728, il fit paraître son célèbre ouvrage, abondamment illustré : "Le chirurgien dentiste ou Traité des dents, où l'on enseigne les moyens de les entretenir propres et saines, de les embellir, d'en réparer la perte et remédier à leurs maladies, à celles des gencives et aux accidents qui peuvent survenir aux autres parties voisines des dents, avec des réflexions sur plusieurs cas singuliers."

Ce grand pionnier a eu d'innombrables successeurs, parmi lesquels un dentiste nantais, aujourd'hui âgé de 36 ans, qui est en train de s'imposer comme un remarquable historien de l'art dentaire : le docteur Xavier Riaud. Docteur en chirurgie dentaire, il a aussi obtenu récemment un doctorat en historie des sciences et techniques au Centre François Viète de l'Université de Nantes et il a déjà publié six livres :

• "La pratique dentaire dans les camps du IIIe Reich" (Paris, L'Harmattan, 2002, 290 p.) ;

• "Les dentistes allemands sous le IIIe Reich" (L'Harmattan, 2005, 248 p.) ;

• "L'influence des dentistes américains pendant la Guerre de Sécession 1861-1865" (L'Harmattan, 2006, 150 p.) ;

• "Les dentistes, détectives de l'histoire" (L'Harmattan, janvier 2007, 178 p.) ;

• "Première guerre mondiale et stomatologie" (L'Harmattan, février 2008, 222 p.) ;

• "Plaidoyer pour un enseignement historique de l'art dentaire" (L'Harmattan, avril 2008, 114 p.).

Dans "Les dentistes, détectives de l'histoire", le docteur Riaud a notamment montré, à partir des exemples de Molière, de Mozart, de Bach et de Napoléon Ier, ce que la dentition de personnages importants de l'histoire pouvait nous apprendre sur eux et il a aussi expliqué de manière captivante tout ce que la police scientifique devait aujourd'hui à l'art dentaire dans ses techniques d'investigation et d'identification.

Le domaine qu'a entrepris d'explorer le docteur Riaud, est immense et celui-ci nous réserve certainement beaucoup d'autres livres pour les années à venir dans ce domaine très original.