Disparition de l'entrepreneur Lucien Bigard

Dépêche publié le 7/05/08 13:54 dans Economie par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch

Lucien Bigard est décédé samedi dernier 3 mai, 50 ans après avoir démarré à Quimperlé une petite affaire de négoce de porcs, la Société Commerciale de Viandes (SOCOVIA). En un demi-siècle, il aura bâti un véritable «empire» dans le domaine de la viande. Selon le magazine Challenge, la famille Bigard est aujourd'hui la 225e fortune de France et le groupe, qui emploie aujourd'hui plus de 10 000 personnes dans 17 usines, traite plus de 530 000 tonnes de viande par an et se situe au premier rang des entreprises de transformation de la viande en France.

L'histoire de Lucien Bigard, comme celle de Jean Floc'h, disparu en 2007, ou celle de Jean Rozé mort à la fin de 2004, témoignent de la formidable montée en puissance des industries agro-alimentaires bretonnes depuis quelques décennies. Comme ses deux collègues précédemment disparus, Lucien Bigard n'était pas diplômé de Polytechnique, ni de l'ENA, mais était vraiment un «self-made-man», doté d'un formidable esprit d'entreprise, d'une audace incroyable et d'un flair exceptionnel.

D'origine champenoise, il avait commencé par travailler dans la viande pendant des années aux halles à Paris, avant de décider de voler de ses propres ailes à 33 ans et, pour cela, de s'installer en Bretagne, grande région de production porcine. À partir de Quimperlé, il allait élargir les activités de la SOCOVIA au négoce de bovins et, en 1968, il rachetait et absorbait la société Sud Finistère, puis, en 1974, la SOCOVIA devenait la société Bigard en même temps que démarrait un premier abattoir à Quimperlé. À peine quatre ans plus tard, Lucien Bigard inaugurait en bordure de la voie expresse Nantes-Quimper une usine ultra-moderne de 20 000 m2. En 1982, il inaugurait une chaîne de production de steaks hachés, suivie par une deuxième en 1990.

Le développement du groupe doit également beaucoup à la croissance externe avec le rachat d'abattoirs et d'entreprises de transformation de la viande à travers l'hexagone. C'est ainsi qu'en 1995, la société Bigard a repris les sept sites industriels du groupe coopératif Arcadie qui se trouvait dans une situation financière désespérée. En 1997, il a aussi pris une participation dans la société parisienne Vital-Sogéviandes, plus connue par sa marque commerciale Charal. Le capital de cette société, qui a elle-même pris le nom de Charal et déplacé son siège en 1999 à Cholet, est passé totalement sous le contrôle du groupe Bigard en 2007.

En 1997, à 72 ans, Lucien Bigard avait complètement laissé à son fils Paul Bigard les rênes de l'entreprise, dont le siège reste à Quimperlé, où elle emploie toujours 1 200 salariés, ce qui en fait le premier employeur de la cité.

Philippe Argouarch


Vos commentaires :
Jean-Pierre SALMON
Samedi 23 novembre 2024
J'ai rencontré Lucien BIGARD sur les courts de tennis à QUIMPERLÉ.
Nous jouions à quatre le dimanche matin dans le court couvert.
J'étais cadre dans une entreprise en vis à vis et l'ambiance était exceptionnelle.
C'était au début des années 1980.
Je me souviens aussi d'un autre joueur, retraité du journalisme.
Ce furent des moments exceptionnels.

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