Pas de tissu TIC en Bretagne sans le très haut débit

Conference debat publié le 26/04/08 17:15 dans Economie par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
https://abp.bzh/thumbs/10/10492/10492_2.jpg
Les réseaux sont à l'image de notre cerveau : un tissu de neurones. Comme le rappelle Jean-Pierre Quignaux : "il n'y a pas de neurone-chef". Le modèle centraliste aussi appelé "paradigme de la pyramide" est le modèle du passé. Le réseau est le modèle
intro-lebihan.mpg

Au cours d'un entretien prospectif, le premier de ce genre, qui a eu lieu à l'institut de Locarn sur le thème : «L'émergence de la Société de Connaissance et ses impacts sur la Bretagne», Hervé Rannou (voir le site) a fait le point sur une situation alarmante.

Tisser la toile du haut débit

Le R&D ou des pôles de compétitivité comme le pôle Images et Réseaux sans un véritable tissu de TIC (Technologies de l'Information et de la Communication) et de PME (Petites et Moyennes Entreprises) ne sert à rien — du moins n'a aucune retombée sur le développement de la Bretagne. «Sans un véritable tissu, une industrie reste à risque» rappelle Rannou. Les appels d'offres TIC émanant de collectivités territoriales en Bretagne vont souvent vers des entreprises parisiennes. Des entreprises de télécom ferment à Lannion. On ne savait pas ce qu'elles faisaient. Elles étaient complètement coupées du tissu régional. Posées comme des soucoupes volantes dans la lande bretonne, elles en repartent aussi vite.

Rannou croit au très haut débit. Un moyen de tisser le tissu des TIC est d'investir en Bretagne dans un réseau «très haut débit». Ce réseau servirait d'agrégateur de PME innovantes. D'après Rannou, les collectivités doivent intervenir car le privé n'a pas les moyens de créer ce réseau basé principalement sur la fibre optique. Pour un million de foyers bretons, le prix serait d'un milliard d'euros.

Certains pensent qu'un investissement de la région dans le très haut débit serait plus judicieux que l'investissement, du même ordre d'ailleurs, dans le TGV vers Brest et Quimper. Il y aurait là deux modèles économiques différents. La Bretagne peut-elle financer les deux ? Probablement pas.

Le pôle Images et Réseaux n'avait pas voulu aider Dailymotion

Hervé Rannou a aussi dénoncé la gouvernance des grosses entreprises dans les décisions des nouveaux pôles comme le pôle Images et Réseaux. «Ce pôle a certes une bonne image, est un des 4 plus actifs en France» mais est-il réellement un pôle d'innovations ? Pas forcément : Dailymotion avait été présenté au pôle Images et Réseaux et la réponse aurait été «plutôt non». On connaît le succès fantastique de cette start-up française. L' investissement n'est pas venu du pôle, mais du privé avec un investissement initial de 250 000 euros. Dailymotion est aujourd'hui le deuxième site de vidéos après l'Américain YouTube racheté par Google pour 1,65 milliard de dollars. Les grands groupes n'aiment pas les concurrents ou les idées qui peuvent être préjudicaibles à leur marché.

Personne ne semble comprendre l'importance du logiciel

Le logiciel représente 10 % de l'économie moderne et la Bretagne est assez dépourvue de ces formations. «La Bretagne n'a pas fait cette mue» affirme Hervé Rannou. On manque de développeurs en Bretagne comme en France. Les plus grosses entreprises mondiales comme Google ou Microsoft sont des entreprises de logiciels.

Philippe Argouarch


Vos commentaires :

Anti-spam : Combien font 3 multiplié par 7 ?