Aux élus nationaux, régionaux et départementaux de Bretagne
Madame, Monsieur,
Devant l'effacement progressif de l'associatif loi 1901 en Bretagne, au bénéfice d'Établissement de coopération culturelle sous la pression des services de la culture régionale de Bretagne administrative et cela sans dialogue…, on assiste à une confiscation, par l'État et les élus à la culture de la Région, de ce qui a été créé en matière de développement culturel et littéraire depuis près de trente ans par ce monde associatif.
Après tous les EPCC des écomusées de ces 4 dernières années et celui récent de « Musique et danses », celui de « Livre et Lecture en Bretagne » se met en place dans le flou le plus complet et passe d'autorité sous les fourches caudines de Sylvie Robert, la vice-présidente à la culture.
Pour cela, dans la dernière mouture du règlement administratif, l'article concernant le mode de nomination de la présidence et celui du recrutement du directeur est supprimé. Et pour cause : son recrutement aurait dû être soumis au conseil d'administration… non encore entièrement désigné. Or, ce directeur est recruté depuis bientôt 2 mois, alors que l'EPCC n'était pas encore en place, et il entre en fonction début mai ! Ainsi va le fait du prince qui s'empare de la présidence !
Donc l'EPCC peut être à géométrie variable puisque le service de la culture régionale l'aménage à son gré et pourrait condescendre à ouvrir un dialogue avec l'association quelle qu'elle soit qui, jusqu'à présent, a créé et géré sa part de culture. Mais ce n'est pas la pratique démocratique retenue dans un contexte de crise de croissance du culturel, qui aujourd'hui imprègne toute l'économie bretonne et participe à son développement, porté à bout de bras par le bénévolat.
Dans ce dernier cas, en effet, seul représentant des traducteurs, correcteurs, imprimeurs, éditeurs, bibliothécaires, libraires et auteurs etc., le président du comité consultatif, émanation de cette filière professionnelle du livre, de la lecture et de la création, ne disposera que d'UNE SEULE VOIX parmi les politiques et les administratifs qui s'arrogent la part décisionnelle sans que tous aient de lien effectif avec la filière du livre et de la lecture.
La subsidiarité et la proportionnalité requises en matière de gestion qui se doivent d'être au plus proche du citoyen et que l'on doit, comme ailleurs en Europe, respecter en France, pays membre fondateur, sont ici appliquées à rebours et sans démocratie. Et de plus depuis 4 ans, la vice-présidence à la culture ne répond pas aux courriers que les associations culturelles lui adressent.
Nous ne sommes pas les seuls à dénoncer le carcan administratif – en dehors de tout dialogue – que ce type d'organisme met sur la culture bretonne. Le Conseil Régional Économique et Social de novembre 2007 a émis un avis unanime défavorable au regard de cet arbitraire et son manque de démocratie.
L'autre volet préoccupant de l'actualité est le statut de la langue bretonne. Pour ce qui est spécifiquement de la langue, Ofis Ar Brezhoneg négocie âprement son type d'EPCC qui doit entrer en vigueur en janvier 2009. Cependant, quels que soient les contenus des uns et des autres, quelle garantie avons-nous que l'État – et par là ses représentants – prenne ses responsabilités dans la mesure où la France refuse toujours de signer la Charte culturelle européenne des langues régionales et minoritaires ?
C'est dans ce contexte que va s'ouvrir le 7 mai un débat à l'Assemblée Nationale sur les langues régionales. Néanmoins, depuis le 17 décembre 2004, les langues de Bretagne sont langues officielles en leur « Pays », merci à ceux d'entre vous qui ont contribué à cette reconnaissance. Nous osons espérer que le 7 mai prochain, tous les députés bretons, sans exception, se présenteront au vote et répondront favorablement afin qu'elles soient sauvées. Car elles devraient être inscrites au patrimoine mondial de l'humanité.
Mil bennozh d'ar re a gompren ac'hanomp hag a ra ar pezh zo dleet : o dever.
Grand merci à ceux qui nous comprennent et font ce qu'ils doivent faire : leur seul devoir.
Pour le Collectif Breton pour la Démocratie et les Droits de l'Homme, la présidente, Angèle Jacq
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