Anne-Claire Déré, historienne et romancière nantaise, est décédée le lundi 7 avril, à Aix-en-Provence où elle séjournait depuis quelques semaines en attendant de regagner bientôt Nantes, mais en se sachant condamnée par la maladie contre laquelle elle luttait courageusement depuis de nombreux mois.
La messe de ses funérailles a été célébrée le vendredi 11 avril en la cathédrale de Nantes en présence de quelque 150 personnes, dont diverses personnalités, parmi lesquels Octave Cestor, conseiller municipal de Nantes, et Yves Lainé, président de l'Association des écrivains bretons. Son inhumation a eu lieu ensuite à Beaulieu-sous-Parthenay, dans les Deux-Sèvres.
Née à Nantes le 31 août 1940, Marie-Charlotte Bellot (qui devait prendre plus tard le nom de plume d'Anne-Claire Déré) avait fait des études de pharmacie, sa famille souhaitant la voir reprendre la pharmacie familiale du Pilori, place du Pilori, au cœur du centre ancien de Nantes, mais, par la suite, Anne Claire s'était orientée vers sa vraie vocation : la littérature, l'histoire et l'histoire des sciences.
Adepte de la danse dans ses jeunes années, Anne-Claire Déré avait aussi atteint un excellent niveau en patinage artistique, fait la connaissance d'Alain Calmat, né exactement le même jour qu'elle, et participé à plusieurs jurys internationaux dans ce domaine.
En 1984, l'Académie de Bretagne avait distinguée par un prix une de ses nouvelles : «Le Noël du chien jaune», puis elle avait publié deux romans historiques de grande qualité ayant pour cadre la Bretagne de la fin du XVe siècle : «Le Clos d'Orange. La terre gaste» (Saint-Herblain, CID Éditions, 1987, 308 p.), puis «Le Verger de liesse» (CID Éditions, 1988, 267 p.). Elle s'était lancée en 2006 dans la rédaction d'un troisième roman historique, qui ne sera malheureusement jamais achevé...
Par passion pour l'histoire de sa ville dont elle était devenue une des meilleures spécialistes, Anne-Claire Déré avait écrit plusieurs ouvrages sur le château des ducs de Bretagne à Nantes, un ouvrage sur «Le Grand Blottereau» (1985) et également un petit livre sur l'histoire de la musique à Nantes (1986). Elle était aussi devenue guide-conférencière, incollable sur le patrimoine architectural et artistique de sa ville. Avec Nicole Dhombres, elle avait conçu une belle exposition itinérante sur Jean Meschinot et la Bretagne au temps des ducs, elle avait aussi préparé le texte d'un beau livre sur Jean Meschinot et les «Lunettes des Princes», mais ce projet ne put malheureusement aboutir faute d'éditeur. En 1989, dans le cadre du bicentenaire de la Révolution française, elle avait publié un livret sur «Les fêtes révolutionnaires à Nantes» et en 1993, avec Nicole Dhombres, elle avait publié un livre important :«Chronique de Nantes. En l'an II. Pour une autre histoire de Nantes sous Carier» (Siloë, 172 p.)
Anne-Claire Déré avait aussi pris une part très active à l'organisation d'un grand festival de chœurs d'enfants à Nantes au côté de Dominique Pervenche, alors adjoint au maire de Nantes chargé des affaires culturelles.
À près de 50 ans, elle avait repris des études et préparé sous la direction du professeur Jean Dhombres une thèse de doctorat en histoire des sciences, soutenue en 1996, et elle était devenue à son tour chercheuse et enseignante au Centre d'histoire des sciences et des techniques de l'Université de Nantes.
Toujours très active, donnant volontiers des conférences et participant à beaucoup de projets collectifs, elle avait collaboré à un ouvrage sur l'histoire du Muséum d'histoire naturelle de Nantes «Un musée dans sa ville» (Ouest Éditions, 1990), à l'«Histoire de l'Université de Nantes» (PUR, 2002), à la série de livres «La Bretagne des savants et des ingénieurs» (CCSTI-Ouest-France) et publié aussi de nombreux articles dans des revues historiques ou littéraires. Elle était notamment très active au sein de l'équipe de «La Nouvelle Revue Nantaise», fondée en 1993 par les Amis de la Bibliothèque municipale de Nantes.
Anne-Claire Déré avait aussi été membre de l'Institut culturel de Bretagne et membre de l'Association des écrivains bretons.
Tous ceux qui l'ont approchée et qui ont bénéficié de son aide et de ses conseils, se souviendront longtemps de son immense savoir, de sa rigueur intellectuelle, mais aussi de sa grande gentillesse, de son regard plein de douceur et de son sourire rayonnant de bienveillance. Assurément sa disparition est une grande perte pour Nantes et pour la Bretagne.
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