La finale de la Coupe de la Ligue entre le PSG et Lens a vu s'étaler une fois de plus l'incitation à la haine et nous nous gardons bien de rappeler l'écrit de la banderole pour ne pas en rajouter. Mais là tout à coup, il s'agit de football et donc d'intérêts supérieurs : on sait l'impact financier du sport dans l'économie, aussi cette fois, trop, c'est trop ! La justice semble vouloir s'emparer du sujet et agir.
Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête « pour provocation à la haine et à la violence », la police scientifique va faire des recherches d'ADN sur les morceaux de banderole récupérés et s'appuyer sur les enregistrements pour identifier les coupables. Ils risquent, nous dit-on aux informations, « un an de prison ferme et 15 000 euro d'amende».
Nous ne pouvons qu'approuver ce réveil salutaire de la justice française sur ce sujet et sommes solidaires de l'indignation des «gens du Nord». Ô, combien !
Mais que deviennent les insultes faites aux Bretons, aux Basques, aux Corses et autres Alsaciens ?
Rappelons le sort réservé à une autre plainte de même nature qui, elle, s'est étalée sur les ondes de RTL dans l'émission « les grosses têtes » le 2 février 2006, dont extrait :
«Ah ! Connaissez-vous la Bretagne, avec ses femmes en coiffe et ses hommes vêtus de pagnes, leurs enfants sont hydrocéphales, les garçons sont aussi méchants que les filles sont sales » (…) « En Bretagne, en Bretagne, on boit du jus d'andouille et du sirop d'artichaut et, nus sur la lande, ronds comme des chapeaux, on fait la nuit des rondes à la lueur des fars aux pruneaux. » (…) « Et de Quimper jusqu'à Concarneau, on voit passer des femmes promenant des porcs dans des landaus pendant que leurs marins de maris se soulagent dans les flots et refusent de signer le protocole de Kyoto.»
Le Collectif Breton, Démocratie, Droits de l'Homme s'était constitué partie civile et avait fait déposé plainte par son avocat, Me Choucq, le 2 mai 2006, avec constitution de partie civile auprès de Monsieur le Doyen des juges d'instruction du tribunal de Grande Instance de Paris. Le cours de l'affaire avait suivi les différentes étapes d'examen.
«Cette « œuvre » dont l'humour est pour le moins discutable, commentait Me Choucq, en ce qu'elle présente les Bretons comme méchants et les Bretonnes sales, leurs enfants comme des hydrocéphales, et leur impute des pratiques d'exhibitionnisme, d'éthylisme orgiaque, et présente leur descendance comme des porcs, porte incontestablement atteinte à l'honneur et à la réputation des personnes originaires de Bretagne.»
Voici, la réponse reçue du procureur général près la Cour d'Appel de Paris, en date du 19 juillet 2006 : (…) il n'apparaît pas opportun d'engager une procédure qui n'aurait de chance d'aboutir qu'au prix d'un revirement de jurisprudence. (…)
En conséquence, nous attendons avec impatience que la jurisprudence française se mette à niveau de la jurisprudence européenne à la laquelle nous nous sommes adressés fin janvier 2007, à savoir la cour de justice du CONSEIL DE L'EUROPE Á STRASBOURG et dont nous attendons toujours la réponse.
La France va présider l'Europe le 1er juillet : les droits de l'Homme, ça craint !
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