Le roman du roi Arthur en japonais

Présentation de livre publié le 27/03/08 14:35 dans Cultures par Bernard Le Nail pour Bernard Le Nail
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2008 va être en Bretagne une année très arthurienne [ABP, mais, de manière étonnante et inattendue, le premier événement marquant de cette année vient de se produire à des milliers de kilomètres de la Bretagne, au pays de Soleil levant, avec l'édition du roman du roi Arthur de Xavier de Langlais en japonais.


Xavier de Langlais, grand peintre et talentueux illustrateur

Xavier de Langlais, qui était né à Sarzeau en 1906 et qui mourut en 1975 à Rennes, où il avait passé la plus grande partie de sa vie, fut un grand peintre et un talentueux illustrateur, très inspiré par la Bretagne et membre actif, dès 1926, du groupe des «Seiz Breur». Divers musées conservent des œuvres de lui. Devenu en 1948, professeur à l'École des Beaux-Arts de Rennes, il y enseigna pendant 25 ans et il composa un manuel, vite devenu un classique : «La technique de la peinture à l'huile de Van Eyck à nos jours» qui parut chez Flammarion en 1959, qui connut ensuite plus de 30 rééditions et qui fut traduit et publié en de nombreuses langues étrangères, dont le japonais.


Xavier de Langlais, grand écrivain

Xavier de Langlais fut aussi un grand écrivain, tant en langue bretonne qu'en langue française. On lui doit en particulier un roman de science-fiction, écrit entre 1940 et 1942, «Enez ar rod» (L'Île de la roue), dont la version française, «L'Île sous cloche», publiée à Nantes en 1946 et rééditée en 1965 parmi les tout premiers titres de la fameuse collection «Présence du futur» des éditions Denoël, est considérée comme un des grands classiques de ce genre littéraire qui a connu depuis la guerre un très grand développement.


Xavier de Langlais et le cycle arthurien en breton

Mais, l'œuvre sans doute la plus remarquable de Xavier de Langlais aura été sa nouvelle version du cycle arthurien. Passionné de bonne heure par la légende du roi Arthur et les exploits des chevaliers de la Table ronde, il en étudia pendant de longues années toutes les versions existantes en français et en vieux français ainsi qu'en anglais et la traduction des versions en allemand et dans d'autres langues, il se pencha sur les textes celtiques anciens, dont les «Mabinogion» gallois qui furent eux aussi à l'origine de la «Matière de Bretagne», et, à l'âge de la maturité, il se lança dans une immense entreprise, l'écriture d'une version du cycle arthurien en langue bretonne. Il fit ainsi paraître en 1958 aux éditions Al Liamm, de Brest, «Tristan hag Ysold» (Tristan et Yseult), puis en 1975 «Romant ar roue Arzhur. Marzhin» (le roman du roi Arthur. Merlin), ces deux volumes étant illustrés de superbes bois gravés de sa main. La mort vint malheureusement interrompre ce magnifique travail de création littéraire en breton...


Xavier de Langlais et le cycle arthurien en français

Parallèlement, Xavier de Langlais entreprit de rédiger une nouvelle version du cycle arthurien en français et celle-ci commença à paraître en 1965 à l'Édition d'Art H. Piazza, à Paris. Le cinquième et dernier volume parut en 1971. Cette œuvre allait connaître un réel succès avec plus de 100 000 volumes vendus en une trentaine d'années.

En 2005/2006, les éditions Coop Breizh en ont fait une nouvelle édition en livre de poche, plus compacte et d'un prix très attractif, avec une couverture de style très actuel. «Le roman du roi Arthur» de Xavier de Langlais est désormais disponible partout en librairie en deux volumes, de 511 et 343 pages, vendus au prix de 10 euros chacun, et cette récente réédition a donné un nouvel élan à la diffusion de l'œuvre de Xavier de Langlais, dont le succès ne se dément pas depuis deux ans.


L'édition en japonais et Tatsuo Iida

Sauf coup de théâtre peu probable, la toute récente parution du «Roman du roi Arthur» en japonais, sous la forme d'un élégant petit volume reprenant en grande partie la couverture de l'édition française de Piazza, n'annonce pas une conquête prochaine du marché japonais. Cette édition, à tirage très limité, est essentiellement le témoignage de reconnaissance d'un «disciple» de Xavier de Langlais, Tatsuo Iida, venu étudier à Rennes dans les années 1960. Xavier de Langlais avait offert à son étudiant le «Roman du roi Arthur» avec une belle dédicace et Tatsuo Iida a reproduit dans son livre en japonais la page de garde portant cette dédicace de la main de Xavier de Langlais. Devenu à son tour professeur de dessin et un peintre estimé au Japon, l'ancien étudiant est revenu en Bretagne en novembre 2007 pour une sorte de pèlerinage en Bretagne, pays que son ancien maître lui avait fait découvrir et aimer. Au moment où il faisait paraître ce livre, il a organisé une exposition d'œuvres de Xavier de Langlais en même temps que des siennes dans une galerie de Tokyo jouxtant des grands magasins de la capitale nippone...

Bernard Le Nail

Voir aussi (voir notre article)


Nota : On peut joindre Tatsuo Iida par internet :
langleize(AT)docomo.ne.jp. Courriel à reconstituer.


Vos commentaires :
Ghildas Durand Touz
Vendredi 22 novembre 2024
Merci à l'inépuisable Bernard Le Nail de toutes ces informations sur ce grand bonhomme qu'était Zavier Langleïz, grand et modeste de surcroît, ce qui n'est pas fréquent chez les artistes. Je l'ai connu à l'École des Beaux-Arts de Rennes, où je suivis ses cours de dessins pendant une année. M'étant adressé à lui en breton, il me jugea capable de lire son remarquable «Ene al linennoù» : du très grand tonneau sur le thème de la ligne, ainsi que sur la proportion dorée, ouvrage excellent qui eut mérité d'être mis en exergue de façon ostentatoire lors de l'exposition rennaise sur Ar Seïz Breur (hélas !). De lecture facile alors qu'il traite de sujets techniques, je le recommande à tous ceux qui se soucient d'esthétique (au sens artistique comme au sens philosophique). Pour ce qui est de son rapport au Japon, il faut rappeler qu'il fut ami de Fujita. Je n'ai pas osé aborder trop avec lui la question de l'influence de l'un sur l'autre, particulièrement dans leur représentation de jeunes femmes en buste, légèrement vêtues, hiératiques et un peu irréelles. Langleïz disait voir ce visage en rêve. C'est probablement par l'intermédiaire de Fujita que son exhaustif «Traité de la Peinture à l'Huile» fut traduit en japonnais; ce traité reste un des manuels les plus recherchés ( peut-être pas des «peintres» actuels !) des ateliers de restauration. Je m'honore qu'il me l'ait offert et dédicacé en breton !

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