Le développement des pouvoirs régionaux en Europe s'est accompagné à partir des années 1960 de la mise en chantier et de la publication d'encyclopédies régionales, rassemblant l'essentiel des connaissances disponibles sur la géographie, l'économie, le patrimoine, la culture, l'économie et les institutions des régions concernées. Ces encyclopédies, de type alphabétique et très illustrées, sont de véritables «monuments» dont la réalisation a demandé la mobilisation de moyens financiers importants et la participation de nombreux spécialistes. Elles ont pris place dans toutes les bibliothèques municipales, dans tous les établissements d'enseignement et dans de nombreuses familles.
L'Espagne est l'État d'Europe qui a été le mieux couvert à ce jour et il existe depuis déjà de nombreuses années de remarquables encyclopédies du Pays Basque, de Galice, d'Andalousie, d'Aragon, de Catalogne et de la plupart des autres communautés qui constituent aujourd'hui l'État espagnol...
En France, la seule région à s'être dotée d'une encyclopédie de ce niveau était l'Alsace (8.300 km2, 1.550.000 habitants). De 1982 à 1986, les éditions Publitotal, de Strasbourg, ont fait paraître une encyclopédie alphabétique de près de 8.000 pages en 12 volumes très illustrés, qui constitue un formidable «socle» de connaissances sur l'Alsace d'hier et d'aujourd'hui et qui est un ouvrage de référence présent un peu partout en Alsace.
Un tel projet éditorial est extrêmement lourd financièrement et peut difficilement être mené à bien sans un soutien très important des collectivités publiques et des entreprises. En dépit de l'indiscutable succès moral de l'«Encyclopédie de l'Alsace», sa publication a conduit son éditeur au dépôt de bilan, peu après la parution du dernier de ses douze volumes.
C'est l'insuffisance du soutien de la Région qui a mené à l'arrêt d'un projet d'«Encyclopédie de la Bretagne» qui avait été lancé au départ par l'Institut culturel de Bretagne et dont la préparation était conduite par le grand historien Michel Denis, récemment disparu, avec la participation prévue des meilleurs spécialistes de la Bretagne dans tous les domaines de la connaissance. Il était prévu pour cette Encyclopédie de la Bretagne une ampleur au moins aussi grande que celle de l'Encyclopédie de l'Alsace.
Un projet nettement plus limité, le «Dictionnaire du patrimoine breton», mené sous la direction d'Alain Croix et Jean-Yves Veillard, est paru aux éditions Apogée de Rennes en 2001, avec un soutien important de la Région, des départements et des principales villes des cinq départements bretons. La préparation de ce gros volume de 1.111 pages, a duré six années et a associé 164 auteurs qui ont rédigé pas moins de 939 articles...
Aucune autre région de l'hexagone ne s'est lancée depuis dans une telle entreprise à l'exception de la Corse où un petit éditeur de Bastia, Antoine Sabiani (éditions Dumane), qui publiait des livres de jeunesse, de la littérature générale et des ouvrages en langue corse, a décidé, il y a une douzaine d'années, de mettre en chantier une encyclopédie de la Corse. Baptisée «Encyclopædia Corsicae», elle est parue en sept volumes qui totalisent plus de 4.700 pages et sont vendus au prix de 1.600 €. Près de 120 auteurs y ont participé, dont de nombreux enseignants de l'Université corse de Corte, mais aussi d'Aix-en-Provence, de Nice, de Tours et d'ailleurs, des conservateurs de musées, des chercheurs, des juristes, des médecins, des scientifiques et des fonctionnaires.
Cet ouvrage peut être commandé par correspondance :
Éditions Dumane, Pavillon des douze nobles, place du Donjon, La Citadelle,
20200 Bastia, tél. : 06 14 73 12 53, (voir le site)
Il semble encore un peu tôt pour établir le bilan définitif de cette lourde entreprise éditoriale, mais, fort de son expérience, Antoine Sabiani regarde déjà ailleurs et, sur le continent, la région qui lui a paru présenter les conditions les plus favorables à la diffusion d'une autre encyclopédie, est la Bretagne. Il étudie désormais très activement la faisabilité d'une encyclopédie de la Bretagne.
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