Bilinguisme vs unilinguisme, l'intolérance l'emporte !

En Bref publié le 13/03/08 15:25 dans Europe par Mikael Bodlore-Penlaez pour Mikael Bodlore-Penlaez

Les Alsaciens et les Mosellans sont très attachés au bilinguisme. Depuis le rattachement des deux entités germanophones, des droits spécifiques ont pu être conservés pour protéger les populations et conserver des droits acquis depuis très longtemps. Ceci explique les mesures en terme de fiscalité, de chasse, de religion qui s'appliquent en Alsace et en Moselle. Pourtant ces droits sont grignotés au fur et à mesure par des décisions arbitraires ne tenant ni compte de l'histoire pas plus que de l'avis des populations locales. En effet, depuis 1919, les professions de foi pouvaient être rédigées en français et en allemand jusqu'à une date très récente mais le Conseil d'État en a décidé autrement. Il a statué en affirmant que «les documents supplémentaires en allemand, distribués et remboursés, sont illégaux». Ceci quelques mois après une première tentative avortée du ministère de l'Intérieur d'empêcher l'affichage bilingue. Les associations culturelles et les élus des Conseils généraux et du Conseil régional étaient montés au créneau en déposant un recours devant le Conseil d'État qui persiste dans son attitude intransigeante et en profite pour déclarer illégale la pratique du bilinguisme.

Comment accepter une telle décision ? La France s'enlise dans une forme de nationalisme pervers où l'exception culturelle l'emporte sur la promotion de la diversité culturelle et linguistique.

Qu'attend-on ? Que tous les locuteurs de langues régionales meurent pour bouger le petit doigt ?

La France est un des derniers pays de l'Union européenne à refuser de ratifier la «Charte pour les langues régionales et minoritaires». Le gouvernement promet une loi cadre qui ne vient pas. Les rectorats empêchent l'ouverture de classes. Les parents d'élèves doivent suivre le parcours du combattant pour scolariser leurs enfants dans des écoles bilingues en breton, allemand, basque, catalan, occitan... Et les lois nous interdisent maintenant l'utilisation de nos langues !

Ce système de la lenteur est écœurant. Attendre pour mieux faire «crever» les langues régionales...

Les associations culturelles et de nombreux élus souhaitent pourtant :

- que la France ratifie les traités internationaux et européens octroyant des droits aux locuteurs de langues régionales ;

- que la France mette des moyens suffisants pour assurer la survie de ces langues, en permettant tout d'abord aux élèves de pouvoir suivre décemment des cours bilingues ;

- que la France montre l'exemple de la diversité culturelle ;

- que la France permette aux collectivités locales de se prendre en main pour gérer les questions locales et particulièrement l'enseignement bilingue en en ayant les moyens financiers ;

- et ainsi, que le point qui bloque, c'est-à-dire l'article 2 de la Constitution (prétexte pour empêcher toutes avancées en matière de bilinguisme) qui stipule que «le français est la langue de la République»... soit révisé en ajoutant «dans le respect des langues régionales».

Est-ce trop demander que notre État centralisé à outrance, dirigé par une «minorité»s ne permette pas à ses concitoyens de s'exprimer sans entrave (et non «illégalement» comme le stipule la récente décision du Conseil d'État) en langue régionale ?


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